Les mathématiques sont considérées comme une matière à part par certains élèves car jugée difficile à comprendre. Les élèves accusent parfois les enseignants de manquer de pédagogie. Pour les enseignants, ces élèves sont simplement paresseux.
Sanatou Ilboudo, élève en classe de 3e au Lycée Newton Descartes de Ouagadougou ne veut plus entendre parler des mathématiques. Elle dit avoir tout tenté. Elle a toujours du mal à percer le mystère autour de cette matière. « Ma meilleure note en mathématique, c’est 8/20. Souvent, j’essaie de comprendre mais rien. Je me force malgré cela, je trouve que c’est bizarre », soupire la jeune fille.
Et pourtant, elle s’apprête à passer l’examen du brevet d’étude du premier cycle (BEPC) cette année. Les mathématiques, affectées d’un coefficient 5, font partie des matières principales pour réussir à cet examen. Consciente de cela, Sanatou espérait s’améliorer avec le temps. Mais, cette année, elle est encore plus découragée.
Ses notes sont de 3,5/20 et 0,5/20 en cette année scolaire. La jeune fille s’est finalement résolue. « J’ai décidé de me tourner vers les matières littéraires », explique-t-elle, espérant ainsi y mettre le paquet.
Pourtant, c’est simple
Amdia, également élève en classe de troisième dans le même établissement, par contre, est passionnée des mathématiques. Habituellement, ses notes sont bonnes. Mais une fois en classe de troisième, elle se pose désormais des questions. Ses notes ont chuté depuis le début de l’année.
Elle attribue cette baisse de performance à la pédagogie utilisée par certains enseignants. « Ce sont les professeurs qui doivent amener les élèves à aimer les maths. A ma quatrième, j’adorais les maths. Cette année, je ne comprends plus rien », affirme-t-elle. De 15/20, elle a obtenu comme meilleure note cette année 8/20. Elle se dit confuse et inquiète surtout que l’examen du BEPC approche.
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Pour Zakaria Sawadogo, il n’y a pas de secret pour comprendre les mathématiques. Il a de bonnes notes dans la matière parce qu’il s’exerce beaucoup. « Il y a des élèves qui pensent qu’on n’apprend pas les mathématiques alors qu’il y a des formules et des règles à apprendre. Il faut faire beaucoup d’exercices seulement et apprendre ses leçons », soutient le jeune garçon. Sa méthode est simple. Après chaque cours de mathématiques, il révise la leçon puis s’applique à faire des exercices. Quand il ne comprend pas, il approche son enseignant pour plus d’explications.
La responsabilité de certains enseignants
Pourquoi certains élèves détestent tant les mathématiques ? Cheich Aziz Coulibaly enseigne cette matière au Lycée Newton Descartes. Il a pu constater pendant ses années d’enseignements une désaffection des élèves pour cette discipline. Les responsabilités sont partagées selon son angle de vue. D’un côté, il y a certains enseignants qui créent un mythe autour de la matière.
« Beaucoup d’entre nous créent un mystère autour des mathématiques alors qu’il faut amener les gens à l’aimer. Quand on crée un mythe autour de la matière, les élèves trainent des lacunes », accepte-t-il. Pour permettre aux élèves de comprendre cette matière, il utilise une méthode particulière. « Dans certains pays, depuis l’école primaire, les mathématiques s’enseignent sous la forme d’un jeu pour faciliter la compréhension des enfants. Moi également, j’en fais un jeu et j’essaie d’appliquer les mathématiques à des faits courants de la société », révèle-t-il.
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Les élèves endossent la plus grande part de responsabilité tout de même. « Ils sont un peu fainéants parce qu’ils n’apprennent pas les règles qu’on donne. Beaucoup d’élèves se limitent à ce qu’on donne comme exercice d’application en classe alors que ce n’est jamais suffisant. Quand on prend une formule mathématique, on peut la traiter sur plusieurs facettes. Si l’enseignant doit expliquer toutes ces facettes, il ne pourra jamais terminer son programme de l’année », explique Coulibaly. C’est pourquoi, poursuit-il, les élèves doivent multiplier les exercices à la maison afin de s’en sortir. C’est le seul secret selon lui.
Boukari Ouédraogo