Après plusieurs jours sur la route, le convoi qui devrait ravitailler Dori en carburant est enfin arrivé dans la nuit du 17 avril 2023. Depuis un mois que les populations de la capitale de la région du Sahel attendaient impatiemment. Dès le lendemain, des files interminables étaient perceptibles.
Enfin. Depuis plusieurs semaines que le convoi qui devrait soulager la ville de Dori était attendu. Comme preuve de la dangerosité du tronçon reliant Dori à Kaya, juste 30 km, le convoi a mis 10h pour arriver destination.
Il y a une semaine, sur cet axe, des camions et des cars de transport ont été incendiés entre Tougouri et Pissila. Egalement, des groupes armés terroristes procèdent à des contrôles réguliers, amenant les populations à réduire les déplacements sur cette route nationale. C’est dans ce contexte que le convoi est arrivé dans la nuit du 17 avril 2023 à Dori.
Ruée vers les stations
Il est 6 heures ce mardi. Quand les pompistes ouvrent, une multitude d’engins attend déjà, dans un tintamarre presqu’assourdissant. Pendant que les civils font le pied de grue pour se faire servir le liquide précieux, les éléments des forces de défense et de sécurité également sont là. Pas forcément pour sécuriser les lieux, mais pour aussi se procurer du carburant.
« Toute la journée d’hier, je n’ai rien eu donc j’ai laissé ma moto depuis 20h, veillé près des autres pour espérer avoir aujourd’hui », explique Rita Tassembédo, institutrice.
Les clients qui n’ont pas pu se procurer du carburant la veille, ont dû laisser leur moto sur place. Le rang des engins s’étend sur plus de 300 mètres. « Depuis 5h, je suis là. Il est 13h passés et je n’ai pas été encore servie, je ne suis même pas proche de la station. Aujourd’hui, le soleil est très ardent et peut rendre malade. Regardez, les capots de ma moto ont été brisés par endroit du aux bousculades », poursuit l’institutrice, l’air triste.
Le désordre
La situation n’est guère meilleure pour Sambo Dicko dit L’original, électricien. « Regardez, les capots de ma moto sont réduits en miette, les policiers frappent les gens et pendant ce temps, certains se servent à satiété en faisant deux à trois tours. Nous sommes impuissants, nous voulons juste 2000 francs de carburant, depuis hier 7h jusqu’aujourd’hui 15h, je suis toujours là, à attendre mon tour », déplore-t-il, avant de nous expliquer s’être blessé dans les bousculades.
Malgré l’organisation instaurée pour permettre un approvisionnement sans embrouilles, la situation devant les stations est faite de désordre. Les motos des civils forment un rang, les tricycles, un autre, les voitures également. Pendant ce temps, les éléments des forces de défense et de sécurité aussi ont leur rang.
Le problème de carburant vient s’ajouter à d’autres peines des populations du Sahel. Les pénuries d’eau, les délestages intempestifs, la flambée des prix des denrées alimentaires, le faible signal de réseaux de téléphonie.
Cheick Yannick SOME
Correspondant