Campagne électorale : une aubaine pour des artistes burkinabè
Des artistes chantent pour certains candidats

Campagne électorale : une aubaine pour des artistes burkinabè

A chaque candidat sa chanson. Depuis le début de la campagne des élections présidentielle et législatives, des artistes musiciens ont décidé de chanter en l’honneur des candidats. Entre conviction politique, opportunisme et affinités personnelles, pour certains artistes chanter pour un candidat ne signifie pas voter pour lui.

A la maison du peuple de Ouagadougou le mardi 10 novembre 2020, Ali Ponré Ier, artiste musicien burkinabè engagé auprès du candidat Roch Kaboré chante à la gloire du président sortant. Certains militants jettent sur lui des billets de banques. Pour Ali Ponré, en chantant pour son candidat, il s’engage par militantisme pour son parti le Mouvement du peuple pour le progrès (MPP).

Son objectif, dit-il, donner l’exemple : « Personnellement, je suis engagé dans la lutte pour le bien être des personnes handicapées à tous les niveaux. J’ai voulu donné un signal fort à ces personnes handicapées pour qu’ils s’engagent en politique. Honnêtement, je ne le fais pas pour moi parce que quand je dis aux personnes handicapées de s’engager en politique il me demande pourquoi je ne le fais pas moi-même. Je l’ai fait pour donner l’exemple ». En s’engageant, il dit participer à la sensibilisation des militants. « Dans ma chanson, j’interpelle le président Roch sur le fait qu’il n’y a pas aucune  personne handicapée élue députée », regrette-t-il.

« Les artistes doivent être neutres »

Pendant ses meetings, une chanson en hommage au candidat Tahirou Barry, ancien ministre de la culture, tourne en boucle. Abdoulaye Yossi « Eldji », est l’auteur de la chanson. Pour lui, il ne faut pas faire de confusion entre son engagement politique et sa vie d’artiste : « Qu’on utilise ma chanson pour faire la campagne électorale, cela ne me dérange pas. Chanter pour Tahirou Barry ne veut pas dire que je suis dans le MCR (ndlr Mouvement pour le changement et la renaissance). Chanter pour le MPP (Mouvement du peuple pour le progrès), le CDP (Congrès pour la démocratie et le progrès) ou l’UPC (Union pour le progrès et le changement) ne signifie pas que je suis militant de ces partis. Je peux chanter pour Tahirou Barry et aller voter une autre personne », soutient Eldji.

 

Cependant ces choix sont souvent critiqués sur les réseaux sociaux. Pour certains jeunes, les artistes doivent être neutres. « Je trouve que les artistes doivent être impartiaux. Lorsqu’ils chantent pour des candidats, on ne peut pas savoir qui est engagé et qui ne l’est pas », estime Abdoulaye Sawadogo, étudiant à l’Université Joseph Ki-Zerbo.

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Selon Youssef Ouédraogo, promoteur culturel les artistes burkinabè hésitent à s’engager auprès d’un candidat par peur des répercussions négatives sur leurs carrières. « De nombreux artistes voient la campagne électorale comme une opportunité à saisir pour faire sa promotion (pour les artistes peu connus) et se faire de l’argent. Certains soutiennent les hommes politiques ou partis par convictions personnelles », explique-t-il. Cependant, pour lui, les artistes sont des citoyens comme tous les autres et doivent également contribuer à l’animation de la vie politique de leur pays.