Kaya, ville située à une centaine de kilomètres de Ouagadougou, capitale du Burkina Faso, vit au rythme de la campagne électorale en vue du scrutin du 22 novembre. Dans ce chef-lieu de la région du centre-Nord, il existe un électorat particulier : celui des déplacés internes. Ils sont convoités par les différents partis politiques. Mais, certains n’ont pas la tête aux élections.
L’ambiance a quelque peu changé depuis quelques jours dans les nombreux sites qui accueillent les déplacés internes dans la ville de Kaya. Et pour cause : la campagne électorale bat son plein au Burkina Faso. C’est le cas dans ce camp situé au secteur 6 de la cité du « cuir. « On a rarement vue autant d’hommes politiques défilés dans ce site que depuis le début de la campagne électorale » explique Souleymane Bandé, 34 ans, un jeune déplacé interne. A la question de savoir ce qu’ils viennent chercher dans leur site d’accueil, ce représentant des jeunes déplacés répond sans ambages : « Ils viennent tous nous inviter à leurs meetings et solliciter nos voix le jour des élections ».
Cependant, ces visites sont accueillies avec un sentiment mitigé. « Mais si ce n’est pas parce que la campagne électorale a commencé, on ne les voyait pas ici », poursuit-il tout triste. A l’instar de Bandé Souleymane, ils sont nombreux les jeunes hommes et jeunes filles ainsi que des adultes des sites des déplacés internes qui suivent de près la campagne électorale. « Comme nous n’avons pratiquement rien à faire, les meetings sont une occasion pour nous de « tuer » le temps et nous divertir », confie Salomon Bikienga, 24 ans, déplacé interne venant de Bassam, localité située à 18 km de Kaya.
« Ils promettent tous la même chose »
« Depuis le début de la campagne, nombreux sont les hommes politiques qui sont venus dans ce camp. Ils viennent solliciter nos voix. Nous avons une seule doléance : qu’ils n’oublient pas de faire revenir la sécurité et la quiétude dans le pays. Un déplacé n’a pas d’autres souhaits que de retourner chez lui, vivre en paix et avoir de quoi manger », confie Issouf Ouédraogo, 40 ans et père de 6 enfants.
Pour certains jeunes des sites d’accueil des déplacés internes, les différents candidats à l’élection présidentielle tiennent tous le même discours : « Ils promettent tous que s’ils sont élus, nous pourrons repartir chez nous. Mais nous pensons qu’ils ne doivent pas lier notre retour à une quelconque élection », estime Yves Sawadogo, 19 ans et élève en classe de 1ère. « S’ils peuvent faire en sorte que nous repartions dans nos villages après les élections, pourquoi ne pas le faire bien avant ? », renchérit Fatimata Sawadogo, 23 ans. « Ce que nous voulons, c’est repartir chez nous si possible même avant les élections », conclue cette jeune maman.
Lire également notre dossier spécial élections 2020
Certains déplacés ne croient pas que ces élections puissent mettre fin à l’insécurité. « Les promesses de bien-être pour la population s’ils sont élus n’ont pas commencé aujourd’hui. Ça fait longtemps qu’ils font ces promesses. Nous votons seulement parce que nous sommes des Burkinabè mais nous savons très bien qu’après notre vote, nous ne pouvons plus contrôler ce qui va se passer après. Certains, ici, ne compte d’ailleurs pas voter et ils ont leurs raisons. Mais en ce qui me concerne, je vais voter », affirme Harouna Ouédraogo, 35 ans. Selon les autorités locales, la ville de Kaya accueille plus de 320 mille réfugiés.