Il y a également du sport à la Semaine nationale de la culture (SNC) comme la lutte traditionnelle. Pour cette 20e édition à Bobo Dioulasso, certains jeunes lutteurs ambitieux, espèrent terrasser leurs ainés plus expérimentés. Pour Blaise Débé, plusieurs fois champion du Burkina Faso, les jeunes doivent arracher leur place.
Jour de pesée à la direction régionale des sports des Hauts-Bassins à Bobo-Dioulasso. En attendant, la prise de poids par le jury en lutte de la Semaine nationale de la culture (SNC), certains jeunes attendent à l’ombre des arbres. Une dizaine fait du footing autour du plateau omnisports alors qu’une fine pluie tombe par intermittence. Vêtu d’un survêtement, Oumarou Ouédraogo, la vingtaine, fait également le tour du plateau au petit trot.
Il prend sa pause après une trentaine de minutes d’échauffement. Etudiant en sixième année de médecine à l’Université de Ouahigouya, Oumarou Ouédraogo représente la région du Nord dans la compétition de lutte traditionnelle. C’est sa première participation. Cela n’enlève rien aux ambitions du jeune athlète de rentrer chez lui avec le trophée quel que soit l’adversaire en face.
« C’est vrai, c’est ma première fois de participer à la SNC mais je compte remporter la première place. J’ai déjà participé à d’autres compétitions en judo, donc avec un peu de courage, je sais que je vais m’en sortir », affirme le jeune athlète d’un ton timide mais avec confiance. C’est par l’intermédiaire du judo que Oumarou Ouédraogo découvre la lutte alors qu’il est encore au lycée à Gourcy.
Il se passionne rapidement pour la discipline qu’il trouve proche de l’art martial qu’il pratique. « Nous n’avons pas vraiment un club autonome de lutte. Mais c’est grâce à la direction régionale des sports du nord que nous arrivons à nous entraîner », poursuit le natif de Gourcy qui n’a jamais participé au championnat national.
Le partage d’expérience
Trois lutteurs encadrés par Adama Ouédraogo représentent la région du Nord à la SNC. « C’est depuis 2019 que les éliminatoires ont étés faites. Nous n’avons pas vraiment eu le temps de nous préparer. Mais je compte sur ces trois athlètes pour remporter un trophée », dit-il. Malgré ce manque de compétition, Adama Ouédraogo est confiant. Ses lutteurs ont le talent.
Tout à côté, les échanges sont vifs entre deux lutteurs dont l’un est visiblement beaucoup plus jeune. L’un d’eux Blaise Débé est plusieurs fois champion de lutte traditionnelle au Burkina Faso. Il a aussi remporté plusieurs titres africain et pratique également la lutte olympique. Enseignant d’éducation physique, il se donne pour rôle d’encadrer les plus jeunes : « Je lui expliquais simplement qu’à la veille d’une compétition, il n’a pas besoin de courir autant. Il risque de s’essouffler pendant les luttes. Il dit qu’il veut avoir l’endurance, mais ce n’est pas à la veille qu’on recherche. (…) tant mieux, j’aurai un adversaire de moins », plaisante-t-il dans le même temps.
En tant que lutteur chevronné, Blaise Débé se donne pour objectif de transmettre son expérience aux plus jeunes. Mais pour ce qui concerne la compétition, il n’y a pas de cadeau. « Ils n’ont pas le choix. Si toutefois ils veulent se placer sur le podium, il faut qu’ils nous battent. Surtout moi qui ai abandonné pendant un certain temps, les jeunes doivent travailler pour me battre (…) », clame Blaise Débé présent bien que souffrant d’une arthrose. Les compétitions débutent le lundi 1er avril 2023.
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Dans d’autres équipes, c’est l’inquiétude. A l’issue de la pesée, les lutteurs de la province du Nayala, dans la région de la Boucle du Mouhoun, doivent perdre quelques grammes pour être dans leurs catégories au risque de monter à un niveau supérieur. Cela pourrait compromettre les chances de victoires. « Mais ça va aller. On est confiant », assure Valentin Maré Nama, l’entraîneur.
L’équipe de la boucle du Mouhoun a une forte tradition de lutte. Ainsi, des filles se sont inscrites. « La lutte fait partie de notre culture. Tant que tu sais que tu as les capacités de lutter, tu t’engages », fait savoir Estelle Nama, élève en classe de seconde. Comme la plupart des participants, l’objectif est de remporter le premier prix.
Prévue depuis 2019, la 20e édition de la SNC a été reportée à deux reprises du fait de la Covid-19 et de l’insécurité. Elle se tient ainsi sur le thème « Diversité culturelle, ferment de l’unité nationale ».
Boukari OUEDRAOGO