Raconter son vécu par l’art. Traduire par le chant et l’écriture ce que c’est qu’être un enfant déplacé pour cause d’insécurité. 11 enfants âgés de 13 à 21 ans ont bénéficié d’une résidence d’écriture pendant 5 mois. C’est à travers un spectacle intitulé « Avec espoir moi je vis » qu’ils montré les fruits de leur période de création.
« Je suis parti avec dans les poches, l’éclat du sourire de ma mamie. Son gapal à base de miel faisait mon bonheur… ». Brin d’un poème qui laisse deviner un mal. Celui de la séparation. C’est à travers ce poème que les 11 enfants déplacés internes racontent ce qu’ils ont ressenti quand ils ont dû fuir précipitamment leurs villages pour échapper aux attaques armées.
Wassila Cissé est originaire de Bonbofa dans la région du Sahel. Fière de ses acquis, la jeune fille explique que le projet de création lui a permis de se libérer de ses tourments. « Vue les obstacles que nous avons endurés ce spectacle d’abord ça nous soulage », dit-elle. En plus d’être un exutoire, Wassila estime que rester autant de temps avec des personnes d’horizons divers permet de cultiver le vivre ensemble, au-delà des différences.
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« Nous sommes venus de différents villages, nous avons été confrontés à beaucoup de difficultés mais avec l’espoir nous nous sommes réunis nous avons essayé de faire quelque chose, communiquer et de faire passer le message », poursuit la ressortissante du Sahel.
C’est l’association la guinguette du Faso qui met en œuvre cette initiative. Foi de David Zoungrana coordonnateur du projet, il s’agissait d’offrir aux enfants et jeune déplacés un espace d’expression.
« Il y a des jeunes, quand ils arrivaient, on sentait qu’ils étaient traumatisés. Avec le temps, grâce à l’écriture, le fait de pouvoir dire les choses qu’ils n’arrivaient même pas à se le dire parce que c’est choquant, aujourd’hui mettre ça sur papier ils se libèrent et ça nous a donné encore plus de tonus », explique le coordinateur.
Un challenge relevé
Selon les initiateurs, les textes ont été entièrement écris par les enfants. Pour beaucoup, c’était une première. Ils ont donc bénéficié du coaching de Mari Clotilde Bastide, écrivaine. Ce fut un vrai challenge, admet-elle. « On est parti sur autre chose qu’une écriture d’école. On s’est dit il faut leur donner le goût de l’écriture et donc à partir de là on a beaucoup joué avec les mots, c’est comme ça qu’on a fait », note-elle avant d’ajouter qu’il a fallu compter avec la différence de niveaux d’études entre les stagiaires.
« Il y a des jeunes qui sont en classe de terminale et d’autre au CE2. Donc ça faisait des niveaux extrêmement différents pour réussir à écrire. Mais notre pari, c’était que tous arrivent à écrire des textes pour être dans le livre », ajoute l’écrivaine.
Des applaudissements pour des néophytes
C’est avec beaucoup d’applaudissements que le public a salué « Avec espoir moi je vis ». Pour Paul Zoungrana, co-parrain du spectacle, ce que les jeunes artistes ont montré est une interpellation. « J’ai été très ému ce soir, très touché parce que les messages que les jeunes ont donné sont des messages de résilience, sont des messages très forts qui nous interpellent, qui interpellent tout un chacun sur sa propre responsabilité et sur la responsabilité collective que nous avons de défendre notre patrie et d’œuvrer à laisser à nos enfants une terre de paix », a t-il analysé.
Outre le spectacle, les jeunes déplacés ont aussi présenté un recueil de poésie ainsi qu’un album de 7 titres sur les thématiques de l’espoir et de résilience.