Deux semaines après les élections couplées du 22 novembre 2020, des délégués des bureaux de vote, pour la plupart jeunes, sont toujours en attente de leur dû. Une somme de 5000 F CFA devrait leur être versée. Pourtant, un budget d’environ 500 millions de FCFA a été alloué au ministère de l’Administration territoriale pour la prise en charge de ces délégués.
Abdoul Karim Nébié a les yeux rouges de colère. Le 22 novembre, jour des élections couplées présidentielle et législatives, le jeune étudiant a représenté le parti L’autre Burkina / PSR (Parti pour le socialisme et la refondation) dans un bureau de vote de la commune de Saaba. Deux semaines après les consultations électorales, il n’est toujours pas entré en possession de la somme de 5000 F CFA qui devrait lui être versée. « Le jour du scrutin, quand on est parti à nos différents postes, aucun représentant du parti n’est venu. Pendant toute la journée, même pour le repas de midi, nous n’avons rien reçu. Nous les avons contactés et ils nous ont dit de venir récupérer notre repas au centre culturel Jean Pierre Guiguané », se rappelle le délégué de bureau de vote.
Il poursuit en expliquant qu’après la journée électorale, ses camarades et lui se rendront compte qu’ils ne seront pas payés. « Ils ont dit que c’est la CENI qui devait nous payer et la CENI aussi a dit que c’est eux qui doivent nous payer », regrette Abdoul Karim Nébié. Il n’est pas seul dans ce cas. A l’entendre, ils sont une centaine de délégués de ce parti qui n’ont jusque-là pas encore été payés. Ils ont tous été contactés par un candidat aux législatives de ce parti. Marina Kiemdé, également la vingtaine, fait partie de ces délégués. « Le même soir, les jeunes se sont déportés chez le député en question mais ils n’ont pas eu gain de cause. Le lendemain, ils sont repartis mais finalement rien n’est fait jusqu’à présent », ajoute pour sa part Marina.
Contactés, les responsables du parti ont refusé de répondre à nos questions. Toutefois, au-delà de L’autre Burkina / PSR d’autres partis politiques n’ont pas non plus payé leurs délégués. C’est le cas de l’Union pour la renaissance – Parti sankariste. « La loi prévoit que les délégués soient pris en charge par le ministère de l’Administration territoriale, de la décentralisation et de la cohésion sociale. Une ligne budgétaire a été adoptée pour cela mais malheureusement, le ministère n’a pas pu mettre à la disposition des partis ces fonds alloués pour la prise en charge des délégués », se défend Ousmane Ouédraogo, secrétaire général adjoint de l’UNIR/PS.
Un responsable de la Commission électorale nationale indépendante confirme ses propos. La prise en charge des délégués des partis est assurée par le ministère en charge de l’administration territoriale. Un budget de 500 millions de F CFA environ, a été consacrée à cet effet pour les 126 partis et formations politiques qui ont pris part à ces élections.