Le Burkina Faso fête ce 11 décembre 2020 son 60e anniversaire d’accession à l’indépendance. Le débat hebdomadaire de Studio Yafa a posé sur la table, le bilan de ces six décennies de souveraineté. Les invités de Ya’Débat sont partagés. Certains invités pointent un doigt accusateur sur la France qui tirerait toujours les ficelles sur les plans politiques, économiques. Pour d’autres par contre, il faut arrêter de rejeter la faute sur la France et s’assumer pleinement.
A peine le présentateur de l’émission a fini de planter le décor du débat que Salif Nignan surgit. Le jeune représentant de l’Organisation démocratique de la jeunesse (ODJ) tranche : L’indépendance proclamée est juste une farce. « Le Burkina Faso n’est pas un Etat indépendant. C’est plutôt une néo colonie. En 1960, on est passé du statut de colonie à néo colonie avec une indépendance octroyée par les autorités françaises », clame-t-il, tout en indexant l’ancienne métropole, la France, de continuer à tirer les ficelles avec la complicité des « valets locaux ».
Sami Poda, secrétaire général du Mouvement pour l’engagement et le réveil citoyen (MERCI) n’est pas d’accord. Il rejette l’argument de son vis-à-vis. Certes, il reconnait que « l’indépendance totale » se fait toujours attendre, mais, il note des avancées. « En matière de démocratie, le pays se positionne comme un exemple surtout en Afrique francophone », avance le jeune invité. Il précise ainsi qu’il faut arrêter de pleurnicher, d’indexer les autres. « (…) il appartient aux Burkinabè de prendre leur sort en main. On ne peut pas continuer indéfiniment à accuser la France (…) c’est la faute aux Burkinabè », enfonce l’invité. Salif Nignan revient à la charge. Il note que la faute n’est nullement imputable aux Burkinabè. « Est-ce que ce sont les Burkinabè qui ont colonisé le Burkina ? Non. Il y a des responsables de cette non indépendance et ce sont les présidents qui sont les représentants des intérêts français » croit-il savoir.
Le troisième invité du débat a une position médiane. Téguewindé Sawadogo, co-auteur du livre ‘’ Penser et agir pour l’Afrique ‘’ synthétise les deux argumentations. « Si on estime qu’être indépendant c’est accéder à la souveraineté internationale, on peut dire que le Burkina Faso est indépendant ». Pour l’aîné autour de la table de débat, le problème des Burkinabè et des Africains est mental, analyse l’auteur. « Tant que mentalement et intellectuellement nous ne sommes pas autonomes, nous ne pouvons pas arriver à l’indépendance. On va passer le temps à discuter des conséquences », prévient-il. Par ailleurs, il fustige l’élite africaine et Burkinabè. Selon lui, elle se complait dans une paresse intellectuelle, reproduisant ce qui se fait ailleurs en refusant de s’affranchir. « Il y a des nations qui ont été colonisées au même titre que le Burkina. Il y a l’Algérie, le Vietnam colonisés d’ailleurs par la France. Aujourd’hui personne ne s’hasarde à dire que ces pays ne sont pas indépendants », explique-il.
La responsabilité de la jeunesse
Les invités du débat hebdomadaire sont d’accord sur une chose : les jeunes qui constituent la majorité du peuple burkinabè peuvent participer à une véritable indépendance du Burkina Faso. Pour cela, Salif Nignan rappelle que l’ODJ travaille dans ce sens. « Notre orientation est révolutionnaire, anti impérialiste. Nous avons décidé de sensibiliser, conscientiser la jeunesse sur les instruments de domination», dit-il. Sami Poda lui appelle les jeunes à se discipliner. « Il y a un moment pour se révolter, un autre pour s’assumer. On ne peut pas passer le temps à se révolter. Il faut participer à la gestion de la chose publique », propose le jeune.
Téguewindé Sawadogo lui croit en l’avenir avec la jeunesse. Il estime que tout combat politique est un long processus. L’invité estime que les jeunes burkinabè et africains sont de plus en plus confiants, décomplexés.
L’intégralité de l’émission est à suivre ce samedi 12 décembre à partir de 10h sur notre réseau de radios partenaires.