La solidarité entre jeunes se vit dans des plaines rizicoles de la ‘’cité du paysan noir’’, Banfora. En cette période de récolte du riz, des jeunes investissent les bas-fonds pour aider leurs amis. Une solidarité amicale dont ils bénéficieront également quand ce sera leur tour de récolter. Une tradition séculaire qu’ils disent entretenir.
Au milieu d’une rizière située à la lisière de Banfora, à l’Ouest de la ville, une dizaine de personne notamment des jeunes sont en pleine activité. Pour rejoindre le groupe, il faut retrousser son pantalon, se déchausser et patauger dans la boue. Dans une bonne ambiance aidée par un petit appareil de musique, les éclats de rire des travailleurs sous le soleil, parviennent de temps en temps aux riverains du bitume. Ismaël Tou, 26 ans, avec frénésie bat contre un tonneau vide des tiges de riz sèches assemblées. Des sachets en plastique étalés sur toute l’aire recueillent les grains de riz non décortiqués.
Le jeune homme est entouré de ses frères et sœurs, des épouses de ses ainés, mais surtout de ses amis venus lui prêter main forte dans la récolte. « On a coupé les tiges de riz depuis jeudi. On a attendu quelques jours pour que ça sèche avant de venir battre ça (…) Depuis six mois, nous sommes dans ce bas-fond. Le travail du riz est un peu compliqué. C’est un champ familial. Mes voisins et amis sont venus m’aider », explique Ismaël. A ses côtés, ses amis dont Oumar Bolou. Muni d’une longue branche, il bat lui aussi des tiges encore chargées de riz paddy. « Je suis venus aider Ismaël à récolter son riz. C’est comme ça qu’on travaille. Quand moi aussi j’ai des travaux au champ, il vient m’aider », nous apprend-t-il. Selon Ismaël, l’entraide dans la récolte est une tradition héritée. Les jeunes la perpétuent.
Assita Soma, reconnait la dureté du travail autour du riz. Depuis la préparation du terrain jusqu’à la consommation, que de sueur. L’entraide permet donc d’amortir la charge de travail. Le groupe est en activité depuis 8h du matin, et il rentrera le soir à 15h, explique M’ba Awa Tou, 17 ans en classe de 4e. En congés anticipés, en raison de la fête de l’indépendance qui s’est tenue dans la ville le 11 décembre 2020, elle dit être venue à la rizière pour renforcer la main d’œuvre. « Je suis née dedans », poursuit la jeune fille. Selon Ismaël Tou, ce sont les femmes qui travaillent dans le bas-fond. Les hommes eux cultivent le maïs. Pour le repiquage du riz, elles aussi font appel à leurs amies pour les aider.
« Ah la culture du riz n’est pas facile !, s’écrie Orokia Sontié de l’autre côté du bitume dans une rizière. Elle également est en plein battage du riz, pendant que deux autres femmes coupent les tiges dans la plaine. « Ceux qui cultivent le maïs récoltent avant nous. Depuis que j’avais 10 ans, je fais ça. J’ai 35 ans aujourd’hui et je continue. On aime le riz, donc on cultive », poursuit la maman de trois enfants.
Les riziculteurs rencontrés dans la matinée du 16 décembre 2020 disent cultiver pour la consommation familiale. « Nous on ne vend pas », précisent les deux jeunes, Ismaël et Orokia. « Le riz est doux, c’est pourquoi on a choisi de cultiver. Quand on récolte, on peut consommer pendant une année, jusqu’à la prochaine récolte », reprend Ismaël. Sur le périmètre de plusieurs hectares, il jette un regard panoramique. Le jeune homme prévoit récolter une dizaine de sacs de 50 kg.