En 2020, la liberté d’expression a considérablement reculé selon Rahouf Bayiré, activiste sur le média social – Facebook. Ses déboires judiciaires l’ont porté sous le feu des projecteurs durant l’année qui s’achève.
Que retenez-vous de l’année 2020 ?
2020 a été pour moi une année de célébrité, mais une année au cours de laquelle j’ai le plus souffert. D’un point de vue moral, je suis satisfait, mais en matière de liberté d’expression, je ne suis pas satisfait. Ce n’est pas du côté des autorités administratives, mais vous savez ce qui s’est passé et je ne vais pas faire de commentaire là-dessus. Je me suis dit pour quelqu’un qui dit des choses sur vous (Ndlr : justice) pour la première fois et qui vous présente ses excuses, on devrait quand même lui pardonner. Pour me condamner, la loi dit « de 06 mois à 3 ans » mais les juges ont pris l’extrême. Franchement en matière de liberté d’expression, le Burkina Faso qui avait avancé depuis 2014, a reculé en 2020.
Est-ce que vous pensez que les jeunes ont été mis en lumière cette année ?
Comme moi j’ai fait la moitié de l’année quelque part (Ndlr. prison), j’aurai du mal à donner de réponse. Mais quand je suis sorti, j’ai vu la détermination de certains et je me dis que même s’ils ne sont mis en lumière comme il le faut, ce n’est déjà pas mal.
Etes-vous journaliste ou activiste pour un parti politique ?
Je n’ai jamais dit que je suis journaliste. Si vous voyez bien mon parcours, j’ai commencé à travers des organisations de la société civile (OSC). C’est l’évolution des choses qui amène cela. En 2018, le président du congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) Eddie Komboïgo m’a convoqué en justice. Ce dernier ne m’a jamais approché, me demandant de publier quoi que ce soit pour son parti. J’ai tenté à travers des connaissances de rentrer en contact avec lui mais en vain. Si tu n’as pas accès directement à quelque chose, souvent tu copies ce que les autres publient et tu partages. Pour ceux qui t’approchent, on dira plutôt que tu es leur activiste.
Des internautes estiment que vous usurpez le titre de journalistes ? Qu’en dites-vous
Je pense que ces personnes ne sont pas professionnelles. Moi j’ai bien lu la loi en 2018 avant d’aller déposer mes papiers pour avoir un récépissé (Ndlr. Proximité Info). C’est devant le procureur que je me suis défendu pour avoir le récépissé. Je ne mets pas ça devant parce que je n’ai pas fait l’école normale. Si vous remarquez, je n’ai jamais dit que Proximité Info a eu un récépissé, ni qu’il est enregistré au conseil supérieur de la communication (CSC). Si je ne parle pas de cela, c’est parce que j’ai estimé qu’il ne serait pas bon de parler de ça, étant donné que je n’ai pas une formation consistante en journalisme. Je me suis formé au Fard Business et au département communication, mais ce sont des modules. Ce n’est pas une école normale. Quand je vais pouvoir assurer la rémunération des professionnels, là nous allons mettre les papiers en exergue. Après la création de ma page Facebook, les gens ont revendiqué des salaires que je ne pouvais pas honorer alors qu’on avait convenu d’une prestation.