La période de l’harmattan ne rime pas forcément avec bonnes affaires pour des vendeurs de vêtements chauds. Cette année, selon plusieurs d’entre eux, les pull-overs, blousons et autres accessoires contre le froid ne s’achètent pas. Le froid attendu les premiers mois de l’année n’est pas au rendez-vous.
Julien, 28 ans, vendeur de blouson de ‘’ friperie’’ s’était préparé à faire de bonnes affaires. Pendant les derniers et premiers mois de l’année, période de fraicheur et d’harmatan, les vêtements chauds sont beaucoup demandés. Mais cette année, ce n’est pas le cas. La tête baissée sur son étable où sont entreposés des blousons en tissu et en cuir, Julien dit n’avoir pas vendu depuis trois jours. « Vraiment, je ne comprends pas. On ne me demande même pas le prix des habits n’en parlons pas les acheter. Cela fait trois jours que je n’ai encaissé aucun sous alors qu’il y a la famille à nourrir », dit-il. Sur les trois balles de friperie qu’il a commandées début décembre 2020, il n’a déballé qu’un. Et là encore, précise-t-il, la moitié n’a pas été écoulée. Cette période de fraîcheur ne ressemble pas à celles des années précédentes selon le jeune.
« Avant, dès début décembre, les commandes fusaient de partout. Surtout les habits pour enfants. Mais cette année, il fait curieusement chaud. Tous les clients qui viennent demandent des habits légers », explique-t-il. La main sous la joue, le regard perdu, Mariam Youbgaré dit réfléchir aux dispositions qu’elle devrait prendre pour liquider son container rempli de blousons, pull-overs et autres habits contre le froid, venus de l’Italie. Difficile pour elle de sortir la marchandise du fait du vent et la poussière. « Il faut que je garde dans ce lieu pour que ça ait au moins l’aspect toujours neuf. Je prévois éventuellement attendre l’année prochaine. C’est un coup dur pour les économies, mais ce sont des pertes qui arrivent quelques fois », note Mariam.
Blaise Kaboré, vendeur de pull-overs ne cesse, lui aussi de se poser des questions sur ce changement de la température au Burkina et qui impacte son ‘’ business’’. « Tantôt il fait chaud, tantôt il fait froid. Je me demande s’il va faire froid pour que nous puissions vendre nos balles de friperies », s’inquiète Blaise. De trois pull-overs qu’il pouvait vendre par jour, le jeune homme en vend un, voire pas du tout. Pourtant se remémore-t-il : « décembre et janvier sont une période faste pour nous. On se frottait bien les mains ».
Selon la météo Burkina, décembre 2020 a été le mois le plus chaud jamais enregistré dans le pays depuis 1981. Selon les prévisions, cette tendance de la hausse des températures pourrait durer jusqu’à la mi-janvier 2021.