Du petit matin jusque tard dans la soirée, Fama Hien Sourabié 30 ans parcourt les rôneraies de Banfora. Des cimes des borasses, il redescend avec du bandji. Cette sève de couleur blanche et laiteuse prisée par les Banforalais et pas seulement. Le jeune homme fait de l’extraction du bandji un métier saisonnier. Allons avec lui à la récolte du précieux nectar.
Le pas agile, Fama Hien Sourabié, pose soigneusement une échelle en bambou contre un rônier. Le jeune homme de 30 ans se lie ensuite à l’arbre grâce à une corde en cuire. Commence alors la montée vers la cime. Là-haut, avec un couteau dont l’extrémité est taillée pour donner l’allure d’une cuillère, il entaille le rônier puis nettoie. Des bidons en plastique déjà accrochés recueillent le liquide de couleur blanche et laiteuse. Un exercice que Fama répète chaque jour, du lever au coucher du soleil.
«Quand je me lève à 4h du matin, j’arrive à 6h. Et je commence l’extraction. C’est ce qu’on appelle bandji frais. Mais avant cela, il faut nettoyer le rônier. À 10 h, on presse, à 13h30, on le presse à nouveau. C’est le bandji de 16h, qu’on appelle bandji délicieux. (…) l’extraction du bandji est très difficile. On travaille constamment. Il faut monter 3 fois par jour. À minuit, il faut aussi revenir pour nettoyer. Ça demande beaucoup d’efforts», explique le jeune homme.
Par jour, Fama Hien Sourabié grimpe entre 20 à 30 rôniers. Des arbres qu’il dit louer aux propriétaires, à raison de 500 F CFA par rônier. Le manège, il le répète depuis 20 ans. La technique d’extraction du bandji, il l’a apprise auprès de son père. « Avant, ce sont les vieux qui le faisaient mais ils sont fatigués. Ils n’ont plus de forces. Ils ont donc arrêté. Aujourd’hui ce sont quelques jeunes qui le font(…) J’ai été initié par mon père. On le fait depuis 20 ans maintenant et moi je le fais depuis 15 ans », ajoute le grimpeur.
Ne monte pas qui veut…
Selon les producteurs de bandji, pour réussir l’activité et arriver à tirer ses marrons du feu, il y a des préalables à respecter. Fama Hien Sourabié révèle qu’il faut une bonne initiation avant de se lancer. « (…) il ne faut pas extraire le bandji de certains rôniers parce que ça ne sera pas bon. Il y a des choses à apprendre par exemple sur les bonnes heures d’extraction », fair savoir le trentenaire.
En plus de cela, il y a des interdits à ne pas transgresser, sous peine de passer la vie à trépas. « Il faut être propre avant de montre. Avant de grimper, il ne faut pas toucher à une femme en menstrues, faire l’amour sans se laver (…) quand tu couches avec la femme d’autrui, là c’est la mort directe parce que tu vas tomber», révèle le jeune père de deux enfants. Quand tout va bien, le jeune extracteur s’en sort avec plus de 100 000 F CFA par mois. « J’ai pu me marier, scolariser mes enfants, construire une maison, acheter une moto. Par mois, on peut avoir 150 000 F CFA s’il n’y a pas eu trop de dépenses », poursuit-il.
L’élève Sanou Boureima, 20 ans, est comme l’assistant de Fama Hien Sourabié. C’est lui qui aide le grimpeur à vendre la sève du rônier aux pieds des manguiers, sur la route qui mène aux cascades de Banfora. « Sourabié était comme mon tuteur à Moussobadougou. Je l’aide dans son travail d’extraction du bandji ici. Je lave les gobelets le temps qu’il arrive. Je peux avoir 300 F CFA par jour. Il peut me donner le bidon à 200 F CFA et moi je vends à 300 F CFA », note Boureima. L’extraction du bandji est une activité saisonnière pour Fama Hien Sourabié. En saison pluvieuse, il descend des rôniers pour labourer ses champs à Moussobadougou, commune rurale dans le département de Péni, dans la région des Hauts Bassins.