L’atmosphère est lourde à l’Unité de formation et de recherche en Science de la santé (UFR/SDS) de l’Université Joseph Ki-Zerbo de Ouagadougou. La goutte d’eau qui a fait déborder le vase de mécontentements, c’est la note de 00/20 attribuée à 1403 étudiants. Ces derniers ont déserté les amphithéâtres et autres lieux de stage pour observer une grève qui, espèrent-ils contribuera à trouver des remèdes pour soigner les maux qui minent leurs formations.
Vers le boycott des examens ? demandions-nous le 23 juillet 2020 dans un article titré : Université Joseph Ki-Zerbo : double colère des étudiants en médecine. Plusieurs mois après, la réponse est là. Les étudiants ont boycotté les examens. Conséquence, 1403 étudiants ont reçu la note de 00/20 dans 7 matières. Six promotions sont frappées par la sanction : première année médecine, pharmacie, chirurgie dentaire et deuxième année médecine, pharmacie, et techniciens supérieure de la santé. Les jeunes apprenants avaient à l’époque, dénoncé des « programmations suicidaires » des examens qui ne leur donnera aucune chance de réussite. Les cours reprenaient après leur suspension pour cause de Covid-19.
«Il était coutume d’accorder deux semaines aux étudiants à la fin d’un module pour réviser et venir composer. Mais notre administration a dit qu’il fallait regrouper toutes les matières pour composer un seul examen pour le premier semestre et un seul examen pour le second semestre. Programmer deux matières par jour et ce pendant 5 jours, c’est vraiment suicidaire pour nous », avaient regretté des étudiants à l’issue d’un sit-in tenu dans l’enceinte de l’UFR. Les apprenants relevaient aussi qu’ils devraient composer dans des modules dont ils n’ont eu qu’un support de cours pendant la quarantaine, sans explications après.
Une grève et une marche comme dernière arme
Sous un manguier ce 20 janvier 2021, Hamed Dembélé, étudiant en deuxième année médecine devise avec ses camarades. L’actualité de l’UFR est le sujet de discussions des jeunes apprenants qui disent assurer le piquet de grève. Le regard vif, il nous énumère les matières dans lesquelles il a reçu des 00/20. Anatomie, biologie moléculaire biochimie, anthropologie déontologie médicale et psychologie, anglais, informatique, compte-t-il du bout des doigts. Difficile pour lui de valider son année avec ces notes. « Ils nous ont donné deux semaines pour bosser les cours d’un semestre. On avait proposé à l’administration de composer au fur et à mesure qu’on finissait les modules, elle a refusé. Pendant les deux semaines que l’administration nous avait données, on continuait pourtant à faire des travaux pratiques. Au vu de cela, les étudiants ont refusé de composer », explique Hamed Dembélé.
Selon Soumaïla Cessouma, étudiant en année de thèse en pharmacie, délégué général de l’Association nationale des étudiants Burkinabè (ANEB) de l’UFR/SDS, avec ces 00, ce sont 25% des effectifs de l’établissement qui risquent d’être renvoyés. « On crée les conditions pour renvoyer le quart des effectifs de l’UFR, nous ne pouvons accepter cela (…) l’administration avait proposé de maintenir les 00 et reprogrammer d’autres évaluations qui vont compter pour 60%. Quand on fait une analyse de cette proposition, pour qu’un étudiant ait la moyenne dans une matière, il faut qu’il y ait une note supérieure ou égale à 18 dans les 7 devoirs », note-t-il.
Les étudiants à travers ce débrayage de 72h posent trois points de revendications sur la table : la reprogrammation des évaluations non tenues, le payement régulier et intégral des allocations (indemnités de stage, bourses) et le respect des engagements de la part de l’administration. A l’issue de la grève, ils envisagent marcher sur le ministère en charge de l’enseignement supérieur le 22 janvier prochain. Comme en juillet 2020, nous avons tenté vainement d’avoir la version de l’administration.