Les tas d’ordures qui jonchent la capitale Burkinabè et d’autres villes du pays ne sont pas passés inaperçus à Studio Yafa qui en a fait un débat cette semaine. Les invités sont tous formels : Ouagadougou ville propre, c’était avant. Depuis, beaucoup d’immondices obstruent les caniveaux, ponts et espaces verts. Si certains invités proposent de poursuivre la sensibilisation, d’autres par contre préconisent un début de répression contre les citoyens qui annihilent tous les efforts d’assainissement.
Le directeur de la salubrité publique et de l’hygiène de la commune de Ouagadougou le reconnait volontier : la capitale n’est pas propre comme l’auraient voulu les autorités. Saïdou Nassouri relève quand même les efforts consentis par l’autorité locale, en termes d’acquisition de matériel d’assainissement, d’augmentation des centres de tris. « Une grande partie de la population refuse d’adhérer aux règles de gestion des déchets. Ils ne veulent pas payer pour avoir une poubelle, s’abonner à un prestataire d’enlèvement d’ordures », énumère-t-il.
C’est avec nostalgie que Yacouba Belemviré, président de l’association professionnelle des entreprises de valorisation des déchets plastiques et ferrailles du Burkina Faso évoque la situation. « De par le passé, Ouagadougou était propre (…). Au fur et à mesure, certains aspect sont abandonnés », regrette l’invité. A Yaoundé en 2003 et à Dubaï en 2007, Ouagadougou a été félicité et récompensé parce que déclarée ville la plus propre d’Afrique. « Dans les années 2000, on produisait environ 250 000 tonnes d’ordures par an. Aujourd’hui nous sommes à 680 000 tonnes de déchets produits dans la commune par an(…)», réplique Saïdou Nassouri avec verve. Yacouba Belemviré n’est pas totalement d’accord avec son vis-à-vis qui semble imputer la responsabilité à la population. « Je partage son avis en partie, parce que la propriété d’une ville dépend de plusieurs variables (…) Il ne suffit pas de collecter. Il faut savoir où ces déchets doivent partir », déclara-t-il.
Le jeune artiste humoriste Séverin Wendyam Yaméogo, alias La Jaguar, fait le même constat : «les villes ne sont pas propres, il y a du travail à faire c’est une question d’éducation et de mentalité. Certains pensent que c’est une question de riches. Mais être pauvre ne veut pas dire être sale », déplore celui qui a institué le projet « un spectacle, une ville propre ». Le jeune invité penche pour une sensibilisation dès la maternelle. Il faut inculquer dès le bas-âge la culture de la salubrité, instituer l’éducation à l’assainissement dans les écoles prône-t-il. « Plus la population augmente, plus nos déchets augmentent, plus nos déchets et maladies vont aussi augmenter », analyse l’humoriste qui se fait appeler ‘’vagabond de l’assainissement’’. Il y a un temps pour tout, défendent les autres invités autour de la table. Un temps pour sensibiliser, un temps pour sévir.
« La répression ne peut pas ne pas venir. Nous sommes arrivés à un moment où il faut un peu de répression », fulmine le directeur de la salubrité publique de l’hygiène de la commune de Ouagadougou. « Il faut travailler à transformer nos problèmes en des opportunités », dit pour sa part le président de l’association professionnelle des entreprises de valorisation des déchets plastiques et ferrailles du Burkina Faso qui propose la création de société d’économie mixte autour des déchets.
Pour la première fois à l’émission Ya’Débat, les internautes ont pu interagir avec le plateau. L’annonce du débat publiée la veille sur la page Facebook de Studio Yafa a suscité le débat entre internautes et touché près de 28000 personnes. Au cours des échanges, un résumé des interventions des internautes a nourri les échanges. « Ça commence à venir et ça donne de l’espoir », s’est réjoui Saïdou Nassouri après écoute des interventions des internautes.
L’intégralité du débat est à suivre ce samedi 30 janvier à partir de 10h sur le réseau de nos radios partenaires.