Au Burkina Faso, des espaces verts sont transformés en débits de boisson, en dépotoirs, ou en lieux de cultes. Dépecés et vendus, ils sont devenus sources de tensions dans la capitale et à l’intérieur du pays. Cette semaine Studio Yafa a désherbé le terrain pour y poser le débat en vue d’une gestion efficiente de ces espaces. Les invités confrontent les idées sur une situation qu’ils jugent « dramatique».
Passe d’armes dès l’entame de l’émission entre l’animateur Souleymane Koanda et Ibrahim Zongo, jeune entrepreneur engagé sur les questions environnementales. L’invité, habitant de l’arrondissement 9 de Ouagadougou dépeint une situation qu’il juge dramatique. Les manguiers sous lesquels il révisait ses leçons, et où les femmes faisaient du jardinage il y a quelques années, ont été transformés en débits de boisson. Et c’est le maire qui en est propriétaire selon lui. « Je me pose la question qui lui a octroyé le lieu, qui a donné le titre foncier ? ».
L’animateur intervient. Avez-vous les preuves de ce que vous dites, lance-t-il. « Je l’ai vu tenir un meeting là-bas, j’y étais et on a posé des questions, tout le monde s’accorde », réplique l’invité. Mais vous-a-t-il dit explicitement dit qu’il est le propriétaire des lieux, revient Souleymane Koanda. « Avez-vous déjà vu déjà dit un voleur dire que c’est lui qui a volé », rempile l’invité. « C’est moi qui pose les questions », rappelle le journaliste. « Même si c’est vous qui posez les questions, je réponds à ce que je pense être juste au vu de ce que les populations même disent », se contente l’invité.
Le problème d’occupation anarchique des espaces est réel, constate pour sa part Omar Bamogo, géographe –aménagiste et doctorant en géographie des loisirs. Il ajoute que c’est une question vitale, une question de survie. « Quand je parcours les documents, il y a 1025 espaces verts dans la ville de Ouagadougou. 411 sont occupés anarchiquement contre 57 qui sont légalement aménagés, selon des données de 2019. Ça pose problème », note-t-il. Le maire de l’arrondissement 5 de Ouagadougou ne nie pas l’évidence. Il y a problème. Mais il rejette la patate chaude aux prédécesseurs.
« Nous avons hérité d’une situation. Les temples, mosquées se sont érigés sur les espaces verts. Nous sommes venus trouver cette situation », dit-il tout en regrettant que la situation ait « beaucoup traîné ». Par contre, il reconnait la nécessité de « sauver ce qui peut encore l’être ». On peut inverser la tendance, lui rétorque Omar Bamogo, géographe –aménagiste : « Même ceux qui ont aménagé anarchiquement, ce n’est pas un acquis définitif ».
Que faire ?
Les internautes sur la page Facebook de Studio Yafa ne sont pas restés en marge du débat. Leurs propositions sont relayées sur le plateau du débat par Danielle Coulibaly. Il faut un Comité de gestion et de veille de proximité des espaces verts, proposent les uns. Il faut que les populations prennent leurs responsabilités, penchent d’autres, pendant que certains demandent à l’autorité de sensibiliser mais aussi de sortir les griffes pour réprimer les occupants anarchiques des espaces verts. Quid de la responsabilité des élus locaux accusés à tort ou à raison de brader ces espaces ? Le maire de l’arrondissement 5 s’en lave les mains.
« Moi je dis et je répète, quand quelqu’un me dit qu’il est intéressé par un espace vert, je lui dis de déposer un dossier. Et ça se suit son cours. Je ne suis pas le maître de la situation, je ne fais pas une gestion dictatoriale il y a des techniciens (…)». Ibrahim Zongo, note l’urgence de la situation et la nécessité de réagir. « Nous bâtissons un pays sans vision et avons peur de toucher aux problèmes qui vont finir par nous tomber dessus », prévient l’invité.
L’intégralité du débat est à suivre ce samedi 6 février à partir de 10h sur le réseau de nos radios partenaires.