‘’France au revoir’’, c’est l’appellation donnée aux marchandises d’occasion importées et vendues dans les villes africaines. Des effets d’habillement, du matériel électro-ménager, des téléphones, des ordinateurs, et même des produits alimentaires… A Ouagadougou, les boutiques ou étals spécialisés dans le ‘’France au revoir’’ sont tenus par des femmes. Immersion.
Fatoumata Balboné vit et respire ‘’France au revoir’’. Depuis plus de 15 ans, elle a fait de cette activité son dada. L’idée de ce business, nous explique-t-elle, est venue de son époux qui vit en Italie. « Il a commencé à m’envoyer une petite quantité que j’ai pu vendre. Très rapidement, j’ai pris goût et voilà que cela dure plus de 15ans », dit-elle, avec une certaine fierté.
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Moins ancienne que Fatoumata dans le ‘’France au revoir’’, mais Orokia Gouba trouve également son compte. Depuis 9 ans, la jeune dame travaille à distance avec ses frères et connaissance qui vivent l’extérieur. Mais elle avoue que la proposition est venue des siens.
« Quand mes frères m’ont fait la proposition de m’envoyer les articles pour la vente je n’étais pas très enthousiaste, mais une fois que j’ai récupéré le premier colis, j’étais surprise. J’ai pu écouler tout ce que j’avais réceptionné», précise Orokia qui décide également de s’y consacrer.
La caverne d’Ali Baba
Les articles ‘’France au revoir’’, contrairement au nom, ne proviennent pas uniquement de l’Hexagone. Ils arrivent d’Allemagne, d’Indonésie, du Canada, d’Italie, d’Espagne…Si les points de vente se multiplient dans la capitale burkinabè et dans les autres villes du pays, c’est parce que le business est bien rentable, confient quelques vendeuses.
Et cela s’explique par le fait que « tout le monde n’a pas les moyens de s’offrir des articles neufs et préfère donc acheter nos articles (occasion, ndlr.), indique Fatoumata.
Argument partagé par Orokia qui comme pour conforter son idée, explique que quand elle reçoit un chargement d’articles, elle les écoule en quelques heures. Il s’agit, entre autres, de matelas, vélo, ordinateur, machine à coudre.
Des difficultés qui grillent la machine…
C’est un commerce pas comme les autres. Les femmes du domaine disent rencontrer plusieurs difficultés. La sortie des articles du port, le convoi sur Ouagadougou. Ce sont des moments particulièrement redoutés par Fatoumata. Elle doit se rendre à Lomé pour faire sortir le conteneur du port, vendre un peu d’articles sur place avant de faire face à de nombreuses agressions sur le chemin du retour.
« Beaucoup pensent que la vente de ces articles se résume à être assise dans un local et à vendre. Non ce n’est pas le cas, cela demande une force physique et une disposition mentale », insiste Fatoumata.
Sylvie, une autre vendeuse de ‘’France au revoir’’, pour sa part déplore les vols et insiste sur la force physique qu’exige ce métier. « Quand je fais des déchargements je fais face à des cas de vols, aussi c’est un métier où il faut beaucoup bouger et être toujours sur pied », explique-t-elle vigoureusement avec sourire.
Différentes expériences vécues
Certains Ouagalais.es ne jurent que par ces articles ‘’France au revoir’’. C’est le cas de Julie, une jeune dame. Elle trouve le matériel de qualité malgré leur état du déjà utilisé. Un exemple : « Quand on cuisine avec les casseroles de France au revoir, ça ne colle pas et la cuisson est vite fait, contrairement aux casseroles industrielles ». Bien entendu, Julie avance le prix relativement bas des articles ‘’France au revoir’’. Un avis pas du tout partagé par Zeïna.
La jeune fille invite à la prudence, elle qui a failli faire l’amère expérience d’une intoxication alimentaire. « J’ai déjà acheté des produits alimentaires dont la date d’expiration était arrivée à échéance », se rappelle Zeïna qui va vivre une deuxième expérience malheureuse. « Je voulais faire plaisir à mon fils en lui achetant un vélo. On m’a conseillé les vélos France au revoir, mais j’ai regretté. Au bout de trois jours, le vélo était méconnaissable », maugrée-t-elle avec un certain mépris.
Dans un article réalisé par Studio Yafa sur sur produits alimentaires importés, Dr Moumouni Niaoné, médecin en santé communautaire, invitait les consommateurs à la prudence, notamment sur les produits alimentaires »France au revoir ». « La ligue des consommateurs devrait se pencher sur ce phénomène de la friperie alimentaire », interpellait le médecin en santé communautaire.
Studio Yafa avec Mousso News