En ce début du mois de février, des centres de santé et cliniques sont débordés à Ouagadougou. La raison : la recrudescence du rotavirus qui touche essentiellement les nourrissons.
La file d’attente devant le service pédiatrique de la clinique Franny est longue ce mardi 9 février. Sur les dos ou les jambes de leurs mamans, des bébés pleurent. La mine grise et l’air visiblement épuisée, Anna, jeune mère de 28 ans, amuse son nourrisson avec un jouet. « Il refuse le sein. Il ne fait que vomir », explique la jeune maman. « Venez madame » lui indique Dr Nicole Komboïgo, pédiatre. Des vomissements, la toux et le rhume sont les maux égrenés par la jeune maman à la pédiatre. La praticienne lui recommande des examens après la consultation. « Voyez-vous, ce sont ainsi des signes du rotavirus. Ça peut commencer par les vomissements, la diarrhée, des maux de ventre », explique Dr Komboigo. Depuis le début du mois de février, la clinique enregistre près d’une vingtaine de cas suspects par jour. « Sur 15 cas suspects, 7 à 8 sont très souvent déclarés positifs », précise la pédiatre. Elle se réjouit toutefois du faible taux de mortalité.
A la pédiatrie Charles De Gaulle, l’ensemble des blocs du service des urgences est occupé. « Nous avons beaucoup de patients », lance un infirmier sans trop de précisions. Des consultations par ci, des examens par là, pas de répit pour le personnel soignant qui dit être en alerte depuis quelques jours. « Je suis ici depuis hier (lundi 8 février, ndlr) avec mes deux fillettes », explique Evelyne Traoré. L’une sous perfusion et l’autre dans ses bras, elles ont été déclarées positives au rotavirus. « Ça va beaucoup mieux », se réjouit-elle. Cyrille Bado, infographe a aussi passé une nuitée en clinique avec ses deux enfants le vendredi 5 février. « Ça a commencé avec celui de 2 ans. Deux jours après, son ainé de 4 ans a contracté la maladie. Puis leur neveu de 6 ans », explique-t-il.
Carence de vaccination pour 10% d’enfant
Les rotavirus sont la première cause de gastro-entérites graves chez les nourrissons et les jeunes enfants dans le monde, informe la pédiatre Dr Komboigo. C’est une maladie très contagieuse chez les enfants et même chez les adultes. Deux pics sont généralement enregistrés au Burkina pendant la période des pluies (juillet-aout) et pendant l’harmattan (décembre-janvier). « C’est un virus qui résiste au froid, certes. On ne comprend pas pourquoi c’est en février qu’on a le pic cette année », explique la pédiatre qui n’exclut pas que cela soit lié à la pandémie à coronavirus parce que, poursuit-elle, la covid-19 provoque aussi des diarrhées.
Dr Issa Ouédraogo, directeur général de la prévention par la vaccination le confirme. « Il y a près de 10% d’enfants qui n’ont pas été vaccinés en 2020 et début 2021 », affirme-t-il. La Covid-19 a impacté le calendrier de vaccination des nourrissons note le directeur qui regrette de ne pas avoir de données probants qui puissent l’attester de façon objective. « Avec la psychose et la désinformation beaucoup de mamans n’ont pas suivi le calendrier de vaccination des enfants » regrette Dr Issa Ouédraogo. « Seul l’hygiène et le lavage régulier des mains peuvent prévenir la maladie » conseillent les pédiatres. Une étude est également en cours sur l’efficacité du vaccin selon le directeur général de la prévention par la vaccination du Burkina Faso.