La décision est effective ce 23 mars 2021. Les prix des hydrocarbures et du gaz butane ont augmenté au Burkina Faso. Ainsi, le communiqué du ministère en charge du commerce daté du 19 mars portant augmentation du prix du super 91, du gasoil, et du pétrole de 10 FCFA par litre et de 500 FCFA pour le gaz butane de 12.5kg n’était pas un ballon d’essai. Cette hausse passe mal chez certains jeunes transporteurs qui se disent déjà prêts à répercuter cette hausse sur le prix du transport si rien n’est fait.
Chez les jeunes transporteurs stationnés à côté du grand marché de Ouagadougou, un seul sujet de causerie ce mardi 23 mars : l’augmentation des prix des hydrocarbures et du gaz butane. Ainsi, tout en chargeant les bagages des passagers pour rallier diverses localités du pays, certains d’entre eux trouvent encore du temps pour commenter cette hausse du prix du carburant.
Rasmané Kaboré, lui, dit avoir appris la nouvelle à ses dépens. Le chauffeur de 34 ans doit se rendre à Houndé, une ville située à environ 250 km de la capitale. Avant de prendre la route, il raconte avoir demandé comme d’habitude un ravitaillement d’essence dans une station-service. Mais quelle ne fut pas sa surprise lorsque le gérant lui fait comprendre que le prix du gasoil a augmenté de 10 FCFA le litre. Pour ce jeune transporteur, cette augmentation fausse tous ses calculs. « Avant ce matin, explique-t-il, 15 000 f de carburant me permettait de rallier Houndé. Mais avec les 10f qui se sont ajoutés, j’ai dû débourser un peu plus d’argent ».
Comme lui, ils sont nombreux les jeunes transporteurs qui ne comprennent pas cette décision du ministère du commerce. Illassa Bandé dessert l’axe Ouagadougou-Ouargaye. Pour lui, l’augmentation du prix du carburant va compliquer davantage leur tâche. « Déjà que les clients ne sont pas nombreux à cause de l’insécurité et de la situation sanitaire, cette hausse va nous plomber encore plus. On se demande si les autorités pensent aux conséquences avant de prendre certaines décisions », se désole-t-il. Si pour certaines personnes les 10f ne représentent pas grand-chose, Roger Ilboudo n’est pas de cet avis. Pour ce jeune homme de 30 ans, « 10 francs c’est beaucoup. Si tu voles 10 francs on peut t’envoyer en prison. Donc il ne faut pas sous-estimer l’augmentation de l’essence de 10f. Si on ajoute 10 f sur chaque demi-km alors qu’on a 600 km à parcourir aller-retour, ça devient une fortune ».
Une augmentation des prix du transport en vue ?
Pour faire face à l’augmentation des prix des hydrocarbures, de nombreux transporteurs estiment que le gouvernement doit leur permettre d’augmenter aussi le prix des tickets de voyage. « Avec cette hausse, il faut que nous augmentions le transport d’au-moins 1000 francs. C’est vrai que la population va en pâtir mais on n’y peut rien. Si le prix du transport n’augmente pas alors que l’essence a haussé, c’est nous qui allons tout perdre », argumente Rasmané Kaboré. Roger Ilboudo est du même avis. Pour lui également, « si le gouvernement a eu le courage d’augmenter le prix du carburant, il doit aussi accepter que le prix du transport augmente pour équilibrer les choses. Si ce n’est pas le cas, c’est nous les transporteurs qui allons travailler à perte et ça on n’est pas prêt à le faire ».
En attendant de voir comment les transporteurs vont gérer cette augmentation du prix des hydrocarbures, la Ligue des Consommateurs du Burkina (LCB) a déjà annoncé les couleurs. Lors d’une conférence de presse tenue ce 23 mars, elle n’exclue pas d’organiser des marches et des sit-in sur l’étendue du territoire car : « si nous ne menons pas la lutte de façon ferme, il y’ aura une augmentation du coût de la vie », a prévenu Dasmané Traoré, le président de la ligue.