Les jus dits naturels sont de plus en plus consommés au Burkina. De nombreuses personnes qui ont flairé le business se lancent dans la production semi-industrielle de boissons faites à base de fruits locaux. Les spécialistes de la santé et de l’hygiène encouragent les promoteurs à se former, pour éviter d’utiliser des produits chimiques et surtout à ne pas tricher sur le label « naturel« qu’ils vendent au public.
Dans un quartier de Ouagadougou, une structure de production de jus naturel nous a ouvert ses portes. Dans une cour unique, des bouteilles vides stockées dans un coin, nous sommes accueillis par le premier responsable des lieux, Rodrigue Ouibga. A l’intérieur de la pièce principale de la maison, des jus naturels embouteillées, exposées en attente d’étiquette et d’emballage.
Ingénieur en industrie agro-alimentaire, Rodrigue Ouibga dit avoir développé l’amour pour la production du jus naturel suite à un constat. « Quand on était petit, chez nous à Yako, on remarquait que pendant la période de la mangue, nous en avions en excès et les coûts étaient relativement bas. Et après la période même s’il y en a, ça devient très chère », se rappelle-t-il. Le titulaire d’un master en agro-alimentaire se lance alors dans la formation pour la transformation des produits pouvant donner du jus.
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Une dizaine de personnes ont déjà bénéficié des techniques de production de jus. Parmi les bénéficiaires, Samiratou Koné. La trentaine environ, elle dit avoir réalisé son rêve. Habillée dans une tenue blanche, un bandana sur la tête, le cache-nez bien fixé, elle est en pleine production de jus naturel dans la cour familiale qui lui sert d’unité de production.
Bercée dans un milieu de production de jus naturel, elle s’est éprise d’amour pour cette activité. « J’ai toujours aimé les jus naturels depuis le bas âge. Ma maman en faisait pour vendre ». Elle choisit de suivre une formation pour plus de professionnalisme dans le processus de production. « C’est dans ce cadre, que je me suis faite former par la structure de Rodrigue Ouibga. Et petit à petit, j’ai commencé mes productions personnelles » dit-elle, l’air enthousiaste.
Hygiène et qualité comme label
Pour ses productions, Rodrigue Ouibga, passe par différentes étapes. Il lave les fruits, les épluche et les broie à l’aide d’un mixeur. Par la suite il dilue le jus obtenu dans de l’eau, avec un peu de sucre, le pasteurise puis l’embouteille.
Dans sa structure de production, il veille impérativement au respect des règles d’hygiène. « Nous misons aussi sur l’hygiène, la salle de production bien nettoyée, les tenues de production bien propres » confie-t-il, avant de rassurer que les jus sont conservés naturellement à la température ambiante.
Tout comme le jeune producteur, Samira Koné ne lésine pas sur la propreté. « Avant de passer à l’étape de la production, il faut se doucher, porter des tenues propres, éviter tout produit sur la peau », insiste-t-elle. Pour les bouteilles, la jeune dame fait appel à des jeunes qui assurent le lavage. « Ensuite je les pasteurise avant de mettre le jus et embouteiller » dit–elle. La main sur le cœur, elle explique que le jus fabriqué est naturel et ne contient ni colorant, ni additif chimique.
Le goût du naturel…
Diététicienne nutritionniste, Yasmine Zerbo explique que les jus naturels sont des aliments sains qui renferment beaucoup de sels minéraux et de vitamines. Par contre, elle recommande à ceux qui en fabriquent d’avoir des aptitudes et des connaissances sur la nutrition ainsi que la conservation des jus.
Les produits chimiques dans les jus et le manque d’hygiène dans la fabrication peuvent constituer un grave danger pour le consommateur, prévient Yasmina Zerbo. « Les consommateurs peuvent faire la diarrhée, une intoxication alimentaire qui peut s’avérer grave. Ces produits peuvent provoquer à long terme des maladies chroniques comme le cancer, les diabètes, etc. », alerte-t-elle. Yasmine Zerbo invite donc les producteurs à utiliser des produits naturels comme la cannelle, la menthe qui permettent de rehausser le goût.
Il existe une large gamme de jus se réclamant naturel sur le marché Burkinabè. Mais les producteurs de ces produits ne se bousculent pas au laboratoire pour les faire analyser. Pourtant, conseille Fulbert Nikièma, Directeur en charge du contrôle des aliments, c’est un impératif pour plus de compétitivité. Il va plus loin en ajoutant que beaucoup de jus ne passent pas par l’étape du laboratoire habileté à tester sa qualité. Les promoteurs courent ainsi le risque de voir leur jus limités dans la concurrence.
Les jus naturels ont de la côte au Burkina. Yasmine Zerbo invite les producteurs à proposer des jus naturels diététiques, moins sucrés ou pas sucrés et à se former continuellement.
Carolle Kady Ouattara (Stagiaire)