Au Burkina, des consommateurs se tournent de plus en plus vers les produits dits « bio ». Si pour certains ces produits sont naturels et de qualité, d’autres par contre disent douter tout de même des conditions de leurs cultures et de leurs transformations.
Tomates, choux, oignons, aubergines, Nadine Koné, 34 ans ne cuisine qu’avec des légumes « bio » qu’elle achète dans des jardins. « Je suis une friande du bio », se vante-t-elle. Pour elle, le bio est signe de qualité même si elle dit avoir des doutes sur certains produits dont la transformation ne respecte pas les conditions d’hygiène. « Je fais assez attention aux produits de conserve car très souvent, on y rencontre des cailloux, entre autres », commente-t-elle. Yvette Kaboré est aussi une grande consommatrice des produits locaux burkinabè car dit-elle, ce sont des produits bio et quand ça ne l’est pas, le pourcentage des produits toxiques est moins élevé.
A l’entrée d’un restaurant dans la capitale burkinabè, une grande affiche avec une inscription en grosses lettres – bio pour tous-. Dans ce restaurant, la cuisine est uniquement faite à base de légumes cultivés sans produits chimiques. « Au départ ce n’était pas facile, mais à ce jour, il y’a les enseignants, les militaires…qui ont commencé à venir consommer. Ils disent que ça coûte cher, mais nous voulons que les autochtones consomment nos plats. Et ça commence doucement mais ce n’est pas facile. Par exemple un plat de Babenda ici coûte 600 alors qu’au marché ça fait 100 FCFA avec l’huile », explique la restauratrice. Les matières premières de ce restaurant proviennent directement du champ de l’association watinoma.
Une exploitation d’environ 3 hectares où est pratiquée une agriculture biologique. Si à l’association Watinoma, le bio est sous contrôle de la culture à la consommation, ce n’est pas le cas chez les revendeuses de certains produits estampillés « bio ». Wendinmi Damiba, un friand des produits bio constate qu’il y a en ce moment une utilisation abusive du terme bio. « On peut émettre des doutes sur certains produits parce que les gens sont à la recherche effrénée de l’argent, il y’a parfois des gens qui cherchent à tromper en passant par des méthodes pas catholiques. Donc c’est à la ligue des consommateurs et au laboratoire national de santé publique d’être très vigilants », déplore Damiba.
Souleymane Yougbaré du conseil national de l’agriculture biologique (Cnabio) déplore lui aussi l’abus de certains promoteurs malgré l’existence d’une certification bio au Burkina. Selon le conseil national de l’agriculture biologique, 36% des légumes vendus sur les marchés à Ouagadougou ont des taux de résidus de pesticides supérieurs aux normes sanitaires internationales.