A l’université de Dédougou à l’ouest du Burkina Faso, des étudiants allient études et business. Au sortir des amphithéâtres, Juste Parfait Zombré, 24 ans et Salimata Sawadogo, 26 ans enfilent leurs tenues de jeunes entrepreneurs. Ces jeunes entrepreneurs affichent volonté, organisation et rigueur dans leurs activités. Certains sont même majors de leur promotion.
Juste Parfait Zombré est étudiant en année de master à l’université de Dédougou. A 24 ans, cet ingénieur agronome en devenir s’est lancé depuis une année maintenant, dans la mode. Le jeune styliste créé sa propre marque : NOLI STYLE. L’histoire de Parfait avec la mode ne date pas d’hier. « J’ai toujours aimé me sentir unique dans ma peau par l’habillement. Dès 10 ans, je concevais mes modèles de tenues et je partais harceler les couturiers pour qu’ils fassent exactement comme j’ai dessiné. Je me suis dit pourquoi ne pas faire profiter de ce talent aux autres ? C’est ça qui a nourri l’envie d’entreprendre dans ce sens » raconte-t-il.
A l’université de Dédougou, Juste Parfait Zombré est loin d’être le seul étudiant-entrepreneur. A côté de ce jeune garçon, on a également Salimata Sawadogo, etudiante en année de licence en Lettres modernes. Venue de la Côte d’Ivoire pour poursuivre ses études au Burkina Faso, cette jeune femme a eu l’idée d’entreprendre en 2015 après le décès de son père. « Lorsque le vieux est décédé en 2015, je me suis demandé comment faire pour poursuivre les études sans tendre la main ? C’est là que j’ai eu l’idée. Ainsi, grâce à la part de l’héritage qui m’a été donnée, j’ai décidé de me lancer dans l’entrepreneuriat » explique-t-elle.
Présentement, en plus de ses études en Lettres Modernes, celle qui est originaire du village de Kalsaka au centre-nord du Burkina Faso vend depuis deux ans du savon kabakourou (boule de savon fabriqué localement), des balais, des pagnes traditionnels tissés et de l’huile rouge de palm venant de la Côte d’Ivoire.
Concilier études et entrepreneuriat
Parfait et Salimata parviennent à concilier études et entrepreneuriat. « Ce n’est pas facile mais comme c’est un projet qui me tient à cœur, je fais tout pour concilier les deux et ça marche. Quand il y a la volonté, on trouve les moyens d’assurer. J’arrive à valider les sessions et je suis même major de ma promotion », témoigne avec fierté le jeune styliste. Pour éviter que ses études ne prennent un coup à cause de son activité commerciale, Salimata a opté de vendre ses produits en gros aux clients. « A cause des études, je vends en gros pour pouvoir disposer de mon temps pour suivre les cours régulièrement. J’ai validé la première et la deuxième année et j’ai bien entamé la troisième année », explique-t-elle.
Après une année dans la création de mode, Juste Parfait Zombré avoue ne pas toujours disposer de moyens financiers nécessaires pour mener convenablement ses projets. Pour autant, son activité lui a déjà beaucoup apporté. « Il y a déjà la satisfaction d’avoir essayé. Et croyez-moi c’est vraiment un plaisir d’avoir osé. Actuellement, bon nombre d’étudiants ont des projets porteurs mais ils n’ont pas ce courage d’aller jusqu’au bout pour les défendre contre vents et marées. Outre la satisfaction et le plaisir d’avoir osé, il y a aussi les encouragements des uns et des autres. C’est ça qui booste les choses. Quand tu te sens encouragé, ça te donne des ailes pour aller de l’avant. D’ailleurs, actuellement, je constitue un exemple pour d’autres jeunes qui veulent entreprendre », explique le candidat à l’ingéniorat d’agronomie. Quant à Salimata, elle dit préparer déjà son avenir à travers son activité. « Avec cette activité, je prépare déjà mon avenir. Au cas où je ne réussis pas aux concours de la fonction publique, je suis déjà dans entrepreneuriat ».