Depuis Ouagadougou, des Nigériens restent connectés à l’actualité de leur pays qui vit un coup d’Etat. Préoccupés, ils le sont. Mais tous espèrent que les nouvelles autorités travaillent à pacifier le pays et réduire le coût de la vie qu’ils jugent élevé.
Dapoya, quartier situé au centre-ville de la capitale burkinabè, Ouagadougou. Assis sur un banc à l’intérieur d’une compagnie de transport, 4 jeunes devisent. Mohamed Hassane, jeune nigérien a quitté Niamey juste avant le début du mouvement d’humeur qui allait se muer en coup d’Etat.
Depuis lors, il dit ne pas être tranquille, s’inquiétant pour sa famille, et pas seulement. « Bien entendu en l’apprenant, c’était avec inquiétude pour ma famille et pour la ville parce qu’on a entendu qu’il y a des casses et des violences. Des gens sont blessés. On est inquiet davantage parce que nous ne sommes pas sur place », dit-il.
Venu comme il le dit « pour gérer une affaire urgente et repartir », il se retrouve coincé à Ouagadougou à cause de la fermeture des frontières. «On va faire comment ? C’est d’attendre seulement. On espère que ça ne va pas durer sinon on risque de vivre le calvaire ici parce qu’on n’était pas préparé à durer », poursuit-il.
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Souley lui est établi à Ouagadougou depuis plus de 15 ans. « Je suis venu depuis le temps de Mamadou Tandja, (Ndlr. Un autre président renversé par un coup d’Etat en 2010 et mort le 24 novembre 2020) ». Installé aux abords du marché Sankariaré, il s’active à allumer du feu pour griller de la viande. Ces derniers jours, il dit être resté en contact permanent avec sa famille au Niger.
« On parle régulièrement pour nous enquérir de leurs nouvelles. C’est avec ce genre de situation qu’on sent la distance et l’inquiétude est grande, surtout que les choses ne sont pas encore claires là-bas », explique-t-il, tout en plaçant du bois dans un foyer fait d’un morceau de barrique en fer.
Prudence absolue
Ni partisan, ni opposant. C’est ce qu’on pourrait conclure en discutant avec des Nigériens au Burkina. Séni Salif est arrivé de la Cote d’Ivoire il y a quelques heures. Jeune nigérien, il est juste de passage à Ouagadougou et entendait poursuivre son voyage dans son pays. Un escale qui risque de prendre encore quelques jours. Pour cet aventurier, pas d’avis ou de préférence à donner sur les anciennes et les nouvelles autorités. « On souhaite que tout se passe bien. Chaque personne souhaiterait que son pays change positivement, avance. On veut juste la paix, celui qui va faire du bien », se contente-t-il.
La même prudence est observée par Souley le boucher. « On veut quelqu’un de bien pour diriger le Niger. Vraiment les histoires d’ethnies, on est fatigué. On veut juste quelqu’un qui craint Dieu et a pitié de la souffrance des nigériens ».
Plus précis, Mohamed Hassane espère « de bonnes nouvelles », aussi bien aux plans sécuritaire que social. « La vie coûte très chère à Niamey et au Niger. Vraiment, pour le reste, on regarde seulement », murmure-t-il.
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Une voix discordante quand même. Chef d’une entreprise, il n’a pas voulu se prononcer à visage découvert disant craindre pour ses affaires. Opposé au coup d’Etat, il estime que les raisons avancées par les putschistes sont juste un prétexte. « Au Niger, c’est différent du Mali ou au Burkina. Il n’y a pas une seule localité prise totalement par les terroristes. On ne connait pas beaucoup de morts comme au Burkina ou au Mali, les raisons de leur acte est à chercher ailleurs » fulmine-t-il, tout en émettant des hypothèses liées à la probable mise à l’écart de certains chefs militaires qui n’auraient pas apprécié.
Dans une allocution télévisée ce 28 juillet 2023, Le général de Brigade Abdourahamane Tchiani, jusque-là chef de la garde présidentielle, s’est déclaré président du Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP). Il a entre autres remis en question l’approche sécuritaire des autorités déchues. « Non, nous ne pouvons plus continuer avec les mêmes approches jusqu’ici proposées au risque d’assister à la disparition progressive et inéluctable de notre pays ».
Tiga Cheick Sawadogo