Le handicap n’est pas un obstacle ! Alizèta Welgo, qui vit avec un handicap, en est la preuve. À 16 ans, elle a appris le métier de tisseuse à Tenkodogo, où elle parvient à produire en moyenne une bande de Faso Dan Fani par jour, malgré son handicap. Elle tisse ainsi sa vie au fil des pagnes qui sortent de son métier à tisser.
Dès l’entrée de ce domicile transformé en centre d’apprentissage du tissage de Faso Dan Fani, on est accueilli par le cliquetis des métiers à tisser. À l’intérieur, une vingtaine de femmes et de jeunes filles sont installées sous des hangars ou sous des arbres. Parmi elles, Alizèta Welgo, une jeune fille de 16 ans, qui vit avec un handicap. Ce handicap physique se manifeste par une paralysie partielle d’un côté du corps, le bras et le pied, ainsi qu’une légère déformation au niveau de la bouche. On appelle cela une hémiparésie.
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Malgré cela, la jeune fille frêle, assez timide et à peine sortie de la puberté, n’a pas voulu mendier. Cela fait trois ans qu’elle s’est lancée dans le tissage de Faso Dan Fani, d’abord comme apprentie, puis comme tisseuse accomplie qui sait produire. « Un pagne se compose de quatre bandes, six bandes c’est un pagne et demi. Alizèta peut faire en moyenne une bande par jour », a expliqué la responsable du centre, Rachelle Bama/Yougbaré.
Malgré son handicap physique, la jeune fille a su compenser son invalidité par une forte volonté de s’en sortir par elle-même. Le tissage demande de mobiliser à la fois les bras et les jambes. Mais Alizèta, très volontaire, a réussi à utiliser son côté invalide. Les débuts ont été difficiles, tant sur le plan pratique que sur le plan social. « Au début, ce n’était pas facile, mais avec le temps, ça a commencé à aller. Elle était un peu complexée par sa salive qui coulait, son bras, son pied qui ne sont pas totalement…, elle était gênée en tout cas », révèle Rachelle avec retenue.
Au bout de deux mois seulement elle arrivait déjà à tisser
Sirmine Kirbané, qui a intégré le centre avant Alizèta, raconte qu’elle avait peur des gens à son arrivée. Quand elle remonte dans ses souvenirs, elle se rappelle que l’apprentissage de Alizèta n’a pas été difficile. Elle était motivée, si bien qu’« en deux mois seulement, elle savait déjà tisser et se corriger elle-même ». Cette étape franchie, la jeune fille s’est mise au travail. Son handicap ne l’en empêche pas, elle reste déterminée.
« Le travail est mieux que la mendicité »
Tisser des pagnes est mieux que de rester à la maison, sans rien faire. La tête baissée, comme pour éviter le micro tendu, continuant son travail, répondant par de petits mots, Alizèta la tisseuse handicapée dévoile son projet de vie : « J’apprends ce métier pour un jour ouvrir une académie et employer des gens. J’ai décidé de venir apprendre ce métier parce qu’il peut m’être bénéfique demain. La tantie a bien fait de m’amener apprendre ce métier et j’en suis très fière », assure-t-elle.
La jeune fille veut être un exemple. Pour cela, elle donne aussi des conseils à d’autres personnes vivant avec un handicap : « Le travail est mieux que la mendicité ». La jeune tisseuse se dit prête à enseigner le métier à de nouvelles personnes, y compris celles vivant avec un handicap.
Pour Alizèta, il est difficile d’utiliser le métier à tisser au même titre que les personnes valides. La responsable du centre a adapté le matériel de la tisseuse handicapée. En plus, la formation est gratuite. La machine est plus légère et se pédale facilement. Pour tout cela, Rachelle Bama trouve son apprentie très courageuse.
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A Tenkodogo, il existe des structures qui œuvrent en faveur des personnes comme Alizèta. Bangbi Zida, assistant du chef de projet pour la formation et l’éducation inclusive a pris contact avec Alizéta, qui n’était pas dans son répertoire, afin de la suivre.
Boureima Dembélé