Des agences de voyages impliquées dans l’organisation du Hadj et de la Oumra sont dans le désarroi et la désillusion au Burkina Faso. Pour la deuxième année consécutive, le hadj principal source de revenus n’aura pas lieu à cause de la Covid-19. Pour certaines de ces entreprises qui accompagnent les pèlerins à accomplir le 5e pilier de l’islam, c’est le choc de trop.
Assis sur une chaise, Zoulkarneini Sanfo, employé de Zam Zam voyages lit le coran à haute voix. Au deuxième étage d’un immeuble à proximité de la grande mosquée de Ouagadougou, il consacre son temps à renforcer sa foi. Pratiquement seul à cet endroit qui draine généralement du monde, Zoulkarneini ne cache pas son amertume quand la nouvelle est tombée : il n’y aura pas de pèlerinage à la Mecque pour les étrangers cette année.
« C’est avec tristesse que nous avons accueilli la nouvelle. L’année passée on n’a pas pu organiser, cette année aussi c’est le même problème. Non, je ne m’attendais pas à ça. Il y a eu un temps où le ministère a dit d’aller se faire vacciner, certains ont même commencé à faire le vaccin anti Covid-19, donc après l’Arabie Saoudite a annoncé qu’il n’y aura pas de pèlerins étrangers sur leur territoire. Vous voyez ce que ça fait ? », Maugrée-t-il.
Zoulkarneini, comme la plus part des employés de Zam Zam voyages qui organise le Hadj et la Oumra en terre sainte chaque année, est en chômage technique. «On ne sait pas où mettre la tête. On vit dure, on pourrait fermer les portes. Les conséquences sont très dures. On doit payer le loyer, les taxes, les employés, tout et tout. Les clients avaient commencé à s’inscrire, y a l’argent des clients, tout le monde était prêt à partir, c’est décevant, mais on va faire comment ? », égrène-t-il.
A Zahra voyages aussi, c’est la désolation. Mais la responsable, Fatimata Bagué explique qu’elle était plus ou moins préparée parce que les signes du côté de l’Arabie Saoudite n’étaient pas bons. « Franchement dit, ce n’était pas vraiment une surprise. Il y a une période pendant laquelle il faut aller signer les contrats, on reçoit les lettres d’invitation et tout. Si cette période passe sans qu’il ait des nouvelles, c’est sûr que c’est compromis », déclare la première responsable de l’agence de voyages.
Sources principales de revenus de Zahra voyages, le pèlerinage et la Oumra n’ont pu être organisés en deux années d’affilées. Selon Fatimata Bagué, son entreprise a dû prendre des décisions difficiles pour continuer à fonctionner. « Une partie du personnel est au chômage technique, on essaie de diversifier comme on peut, mais ce n’est pas régulier, de temps en temps. Jamais je n’ai vécu une situation pareille. On ne pouvait même pas imaginer que cela puisse arriver », ajoute-t-elle.
Jeune opérateur économique à Dédougou et gérant de l’agence Rangouma Voyage, la situation est moins reluisante pour Oumarou Compaoré. Il ne cache pas sa déception . « De n’avoir pas pu organiser cela cette année encore, c’est plus que de la déception (…) », tranche-t-il, tout en précisant que tous les pays du monde étant concernés, il faut seulement s’y faire. Maintenant que le hadj n’aura pas lieu, il faudra procéder aux remboursements des candidats. « C’est à gérer à l’amiable. On va s’entendre avec les pèlerins. Toutes les négociations sont possibles entre nous. Depuis l’année dernière, les gens étaient réticents, donc cette année on n’a pas reçu beaucoup de personnes. Ce sont juste des petites avances que certains avaient fait pour garantir leurs places », précise le jeune homme d’affaires.
A la différence de Zoulkarneini et de Fatimata, Oumarou Compaoré supporte mieux la situation, car selon lui, ses activités sont diversifiées. Le 12 juin 2021, l’Arabie saoudite a annoncé que l’accomplissement du hadj pour cette année sera limité à 60 000 pèlerins de l’intérieur du royaume ou ayant la nationalité saoudienne, en raison des « mutations » du coronavirus dans le monde.