La campagne agricole humide 2023 bat son plein au Burkina Faso. Dans la plupart des régions du pays, les semis sont en maturation. Dans la région du centre-ouest, de Poa à Réo en passant par Koudougou, les champs sont pleins de promesse dans l’ensemble. Mais tout n’est pas rose partout. Entre caprices de la pluviométrie et le retard dans la distribution des intrants, certains producteurs nourrissent quand même l’espoir de bien remplir les greniers.
Dans un vaste champ familial de trois hectares, une dizaine de personnes s’affairent à remuer la terre. Dabas en mains, femmes et hommes font du sarclage autour du maïs, de l’arachide et du mil sous un ciel assombri, prêt à verser de l’eau. Sur un autre côté du champ, des jeunes cultivent du haricot. À certains endroits, des chants d’oiseaux se laissent facilement entendre. Sous un arbre de karité, deux jeunes filles préparent du haricot pour le déjeuner.
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Nous sommes à Poa, environ 30 km de Koudougou, capitale de la région du Centre-ouest. En ce plein milieu de saison agricole, Somnonma Nikiema est optimiste. « Vous voyez vous-mêmes que les cultures poussent bien. Nous sommes optimistes si la pluie continue ainsi jusqu’au bout ». Même constat à Koudougou.
Dans cette localité, les semis ont également bonne mine et sont à la hauteur des hanches. Il y a de quoi espérer malgré un début poussif de la saison marquée par des poches de sécheresse. « La pluie a débuté un peu en retard mais actuellement les cultures sont bonnes. Je pense que cette année même, les récoltes seront meilleures que celles de l’année dernière si la pluie va jusqu’au bout » présage Orokiatou Zongo qui jette un regard admiratif sur l’ensemble de sa production de plusieurs variétés.
La clémence sélective de la pluie
Parlant de pluie, certains producteurs dans le Sanguié précisément à Réo sont pessimistes. Dans cette commune située à une quinzaine de kilomètres de Koudougou, l’inquiétude monte. Dans le champ de Elisabeth Bationo, les arachides et le haricot commencent seulement à sortir de terre. A cette période de la saison, la physionomie de son champ devrait être bien meilleure. Nous sommes à la mi- saison et c’est naturellement que dame Elisabeth n’ait pas un regard rassurant. « Depuis dix jours, il n’avait pas plu. Ce n’est qu’hier seulement que la pluie est tombée. La saison a débuté en retard et nous ne savons pas si elle ira jusqu’au bout » se demande-t-elle.
Un tour dans sa rizière, la terre craquelée a absorbé toute l’eau tombée la veille, laissant les tiges qui demandent encore ce précieux liquide. Triste, mais dame Bationo garde un brin d’espoir. Elle croise les doigts que les pluies vont continuer à tomber jusqu’à la fin septembre. « Le riz demande beaucoup d’eau et dans les jours à venir s’il n’y a pas de pluies, ça sera la perte. Nous avons grand espoir qu’il y aura des pluies abondantes en septembre », dit la productrice, comme si elle implorait la clémence du ciel.
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En plus des facteurs naturels, les producteurs regrettent la livraison tardive des intrants. Jusqu’à la date du 23 août 2023, Somnonma Nikiema n’avait reçu aucun intrant pour ses semences. Il a dû commencer ses semis sans intrants. C’est un scénario qui se répète presque chaque année dans la région, se désole le jeune producteur. « Chaque année, c’est au moment où les semis sont aux hanches que les engrais sont mis au service des producteurs. En ce moment ça ne sert plus. Nous en avons parlé, mais toujours pas de changement » fait-il savoir d’un ton remonté.
Selon l’Agence nationale de la météorologie (ANAM), il y a de quoi être optimiste pour une bonne pluviométrie sur tout le territoire avec des cumuls pluviométriques excédentaires à tendance normale.
Faïshal Ouédraogo