De jeunes burkinabè n’ont pas la même compréhension de la « génération égalité ». Si certaines croient à une future génération égalitaire, pour d’autres l’égalité en termes de droits humains ne devrait pas être en fonction de génération. « Si égalité il doit y avoir, c’est l’égalité en termes de droits humains dans la société sans distinction de générations et de genres » estime un jeune.
Les droits humains. Avoir les mêmes opportunités dans la vie, sans distinction de sexes. Des jeunes burkinabè disent comprendre la génération égalité en ces termes – du respect de ces droits humains dans la société-. « J’entends par génération égalité, un ordre nouveau au sein duquel aucun sexe n’a de primauté sur l’autre. C’est donc dire que le seul fait d’appartenir à un sexe ne nous rend pas supérieur au sexe opposé. Ainsi, tous les sexes sont égaux », explique Yves Yankiné qui a suivi un forum sur la question.
Ounsouvi Esperat jeune activiste pour les droits à la santé reproductive et sexuelle estime pour sa part que l’effectivité du respect des droits se mesure sur le terrain. Dans les textes, tous les hommes sont égaux. « Il est vrai que tous les pays du monde prônent l’égalité en matière de droit humain, bien inscrit très souvent dans leurs Constitutions, en plus des lois internationales qu’ils ratifient, mais sur le terrain ces questions de droits humains ne sont pas souvent respectés ou prise en compte », précise l’activiste. Il en veut pour preuve la négligence dans l’établissement des actes de naissance pour certains enfants. Au niveau de la santé sexuelle et reproductive, poursuit-il, beaucoup de jeunes filles ne savent pas qu’elles ont le droit de s’informer sur ce qui peut leur être utile dans leur vie sexuelle.
L’égalité entre les sexes, selon Yves, n’est toujours pas effective du fait du poids et des pesanteurs socio-culturelles. « Il y a certes des avancées, mais il sied de maintenir la sensibilisation» dit-il. Reine Stevie Yaméogo, jeune activiste pour la santé reproductive d’espérer que cet idéal d’un monde sans inégalités sociales et économiques basées sur le genre soit une réalité d’ici quelques années.
Zakaria Guingani, activiste sur les questions de société et de tradition a une autre perception de génération égalité. Pour lui, c’est un concept porté par l’institution onusienne pour promouvoir les droits de la femme et servir la cause des femmes. La main sur le cœur, il dit ne pas croire à une quelconque égalité entre les hommes, encore moins entre l’homme et la femme. « Si égalité il doit y avoir, c’est l’égalité en terme de droits humains dans la société sans distinction de générations et de genres ». Le jeune homme poursuit par un questionnement. « Peut-on parler d’égalité dans un pays comme le Burkina où tout le monde n’a pas accès à l’eau potable, à des soins de qualité ou à un logement décent ? Est-ce que le riche et le pauvre ont la même chance d’avoir des soins de qualité dans nos cliniques ? » se demande-t-il.
Ounsouvi reste toutefois optimiste pour un Burkina égalitaire. « Rien n’est impossible si des actions positives et concrètes sont menées. Certes, l’on ne pourra pas changer la mentalité du jour au lendemain, mais avec la sensibilisation nous y parviendrons », dit-il avec conviction.
Quatre choses essentielles, ajoute Reine Yaméogo, pourrait aboutir à une génération égalitaire à savoir : une discrimination positive en faveur de la femme, une masculinité positive au repositionnement de la société égalitaire, une solidarité féminine et enfin un engagement commun pour une égalité et une équité pour tous parce que l’une n’exclut pas l’autre.