Au Burkina Faso, des millions de plants sont mis en terre pour reverdir le pays et freiner l’avancée du désert. Mais ces campagnes de reboisement enregistrent un faible taux de réussite. Pour les invités de Ya’Débat, il faut simplement arrêter avec ces reboisements folkloriques qui ont montré leur limite.
Boureima Salouka, journaliste, a redonné vie à un espace désertique de 700 m2 dans la commune de Loumbila, à un jet de pierre de la capitale. Il aime le vert, mais reconnaît que reboiser n’est pas une mince affaire. « C’est beaucoup de travail, de moyens, au-delà des moyens financiers, il faut de la détermination, la patience, de l’endurance au quotidien », dit-il sur le plateau de Ya’Débat. L’invité se réjouit par ailleurs que les Burkinabè aient une conscience écologique. Le hic, la plupart de ces plants ne survivent pas.
Michel Barry, jeune médecin qui s’intéresse aux questions environnementales fait également ce constat. Les campagnes de reboisement se multiplient chaque année, mais les résultats sont « mitigés », « en demi-teinte ». Elle accuse les conditions climatiques, le problème de suivi, l’action humaine. En tout cas, pour l’invitée, plusieurs paramètres expliquent le faible taux de succès des reboisements.
Responsabilité partagée
En plus de cela, Boureima Salouka ajoute que les initiateurs des campagnes de reboisement qu’il qualifie de planteurs du dimanche ont une responsabilité dans ces échecs. « Il faut sortir du folklore en se donnant des responsabilités ». Par-là, il estime que planter 2000 à 3000 plantes, faire des photos et publier sur les réseaux sociaux n’apporte rien au couvert végétal. « Planter un arbre, l’entretenir au quotidien, c’est une forme de responsabilité. Il faut aller régulièrement regarder, s’assurer que l’arbre pousse normalement, apporter de l’eau, des soins », propose l’invité.
Les initiateurs des reboisements ne sont pas les seuls fautifs, semble répondre Michelle Barry. Les planteurs, généralement jeunes, doivent s’impliquer davantage. « Quand je participe à une campagne de reboisement, mais je ne dois pas laisser toute la responsabilité de mon plant à l’organisateur. Je dois aussi me soucier de l’arbre que j’ai planté. Je sais là où je l’ai planté, c’est aussi à moi de revenir pour savoir ce qu’il est devenu », défend-t-elle.
Planter peu pour bien entretenir
Comme solution à la réussite des campagnes de reboisement, Boureima Salouka préconise que le ministère en charge de l’environnement joue un rôle « très majeur ». Un reboisement ne s’improvise pas, prévient-t-il. « Il faudra avant chaque saison pluvieuse, identifier les superficies à reboiser, organiser les personnes. Il ne faut pas se lever le mois d’août et dire qu’on veut reboiser. Ça doit commencer trois à cinq mois en amont (…) les plantes à mettre en terre, le plan de protection. C’est mieux que de dire qu’on a planté des millions d’arbres et qu’au final il y a 10 ou 20 % de succès », poursuit-il.
Pour les invités de Ya’Débat, mieux vaut planter peu et se donner les moyens d’assurer la survie des arbres que de planter à grande échelle sans suivie. « Il faut faire des petits pas, mais des petits pas consolidés », résument-ils. Invité à Ya’Débat, l’inspecteur de l’environnement qui avait donné son accord, ne s’est finalement pas présenté au rendez-vous.
L’intégralité de Ya’Débat sera diffusée ce 7 juillet dans Le Grand rendez-vous à 9h sur l’ensemble du réseau des radios partenaires de Studio Yafa.