Alignées aux abords des routes, devant les feux tricolores toute la journée, des jeunes filles essentiellement proposent des produits dits promotionnels et dont la date de péremption est proche. Dans la capitale burkinabè, c’est une scène quotidienne qui peut être observée tout au long de l’année.
Il est 11h dans un carrefour de la capitale burkinabè. Sous le soleil ardent, des jeunes et femmes font la course pour présenter leurs produits aux clients. Certaines portent des tee-shirts rouges et d’autres des tee-shirts jaunes indiquant la couleur des produits qu’elles vendent.
Les appels incessants alertent les passants : « venez voir moins cher pour vous ». Aminata Koanda présente divers produits comme les boites de lait concentré, du lait en poudre, les chocolats etc. Selon elle, ces produits sont encore consommables car il reste encore quelque mois avant la date de péremption.
«Lorsque les dates de péremption sont proches, on fait de la liquidation. Regardez la date, 11ème mois, ce n’est pas encore arrivé. Si vous souhaitez acheter, je vais même déchirer l’emballage pour que vous voyez. Si on vend quelque chose de gâté ici, la police ne va pas nous laisser », tente de nous rassurer la jeune fille.
Lire aussi: Produits alimentaires importés, du doute dans les assiettes
Les produits comme les huiles alimentaires, les biscuits, les amuses bouche, le lait, dont les dates de péremption sont proches, sont commercialisés moins chers par ces femmes. Elles disent prendre les produits chez les commerçants grossistes. Sali, une autre commerçante rassure que lorsqu’un produit est périmé, elle refuse de vendre.
« Ce sont les commerçants qui viennent vers nous pour nous proposer la vente. Nous finissons de vendre, on leur remet leur argent et ils nous donnent notre part. Quand nous constatons nous-mêmes que le produit n’est pas de bonne qualité, on remet à la personne et puis c’est tout », précise-t-elle.
Diversement apprécié
Des consommateurs trouvent leur satisfaction dans ces produits. En pleine séance de sport, Sophie estime que les périodes de promotion des produits alimentaires sont l’occasion pour elle de se ravitailler à moindre coût. Mieux, elle explique n’avoir jamais eu de soucis de santé en consommant ces produits souvent vendus dans la rue.
« Tant que ça fait mon affaire, je ne trouve aucun inconvénient hein !!! Il y en a pour toutes les bourses », poursuit-elle dans un éclat de rire.
Mayébo est un commerçant de la quarantaine. A la différence de Sophie, lui ne consomme pas les produits dont les dates de péremption sont proches. « Certaines personnes achètent le produit moins cher et se soignent plus tard avec des sommes exorbitantes. Il faut que les autorités ouvrent les yeux », plaide-t-il. Pour éviter ces promotions à n’en pas finir, le commerçant estime même que les autorités doivent veiller à la baisse des prix des produits afin de faciliter leur accès au plus grand nombre.
Savoir faire la différence
Ousmane Ouédraogo est nutritionniste. Il explique la différence entre la date limite d’utilisation optimale et la date limite de consommation mentionnée sur les emballages des produits alimentaires. «La date limite d’utilisation optimale signifie que l’aliment peut être consommé même après la date indiquée à condition que l’emballage soit intacte car de cette façon, elle ne transmet pas quelque chose à l’aliment », décortique le nutritionniste.
Par contre, poursuit-il, la date limite de consommation implique qu’à cette échéance, le produit ne peut plus être consommé parce que l’emballage dans lequel se trouve l’aliment rejette des produits nocifs qui altèrent sa qualité. Mieux, l’aliment ne contient plus de nutriment. Ousmane Ouédraogo insiste pour dire que la date limite de consommation doit être strictement respectée, pour éviter les problèmes d’intoxication alimentaire.
Ecouter notre reportage: Les produits promotionnels, une aubaine ou un danger ?
Bernard Belemyegre lui est le chef du département des investigations du contrôle, de la lutte contre la fraude et la répression au ministère en charge du commerce. Selon lui, la vente promotionnelle est règlementée. Cette méthode peut être utilisée pour faire connaitre un produit. Toute vente promotionnelle est conditionnée par une autorisation, rappelle le chef du département des investigations du contrôle, de la lutte contre la fraude et la répression.
En ne respectant pas cette mesure, le contrevenant se rend coupable d’une infraction dont la sanction pécuniaire peut aller de 50.000 à 1 million de F CFA. Et lorsque le produit mis en vente est périmé, les amendes vont de 500.000 à 500 millions de FCFA.
Safiatou Zong-Naba (Collaboratrice)