Assassinats d’enseignants, destructions d’infrastructures éducatives, enlèvements, traumatisme des acteurs….Autant de boulets accrochés au secteur de l’éducation qui souffre surtout de la fermeture par milliers des salles de classe. Selon le dernier rapport du 31 mai 2023, du secrétariat technique de l’éduction en situation d’urgence, 6149 structures éducatives étaient fermées soit 23, 43 % sur l’ensemble du territoire, affectant 1 041 681 élèves. Le gouvernement a mis en place plusieurs mécanismes pour offrir une chance aux élèves impactés de poursuivre leurs cursus. Découvrez quelques mesures, avec Germaine Kaboré, secrétaire technique de l’éducation en situation d’urgence.
Stratégie de scolarisation accélérée avec passerelle(SSAP)
Les élèves qui ont été en décrochage scolaire pendant plus d’un an et qui ont entre 9 et 12-14 ans, on les récupère et en 7 mois si c’est la SSAP d’urgence et en 9 mois si c’est en SSAP normal, on fait des cours en langue nationale et en français. Après les enfants peuvent retourner à l’école classique, rejoindre leur camarade en classe en fonction de leur niveau.
Nous espérons un retour progressif des populations et nous allons à la réouverture de plusieurs structures éducatives dans les localités où elles étaient fermées.
Le programme d’éducation par la radio (PER)
Là où ce n’est pas possible de regrouper les enfants, il y a le programme d’éducation par la radio. C’est un contenu éducatif pour que les enfants restent dans une ambiance d’apprentissage, des enseignements. Ce n’est pas de l’enseignement à distance, mais c’est vraiment de maintenir les élèves dans une routine pédagogique en attendant leur retour à l’école. Ça peut durer un mois, quatre mois…avant la réouverture de l’école.
Les animateurs communautaires
Ce sont des enseignants qui pour la plupart sont titulaires de titre de capacité (…) Ceux qui sont prêts à aller servir dans certaines localités sont recrutés et l’Etat les prend en charge à raison de 120 000 F CFA durant le temps de l’année. Ce sont ces enseignants qui nous aident à faire vivre l’école dans certaines localités.
L’année dernière exceptionnellement on a recruté des titulaires du Baccalauréat que nous avons formés. Dans les autres localités, ils sont titulaires du CAP (Certificat élémentaire d’aptitude pédagogique) . Pour le post primaire, ils sont titulaires de Licence, maitrise. Dans la province du Loroum, ce sont des étudiants titulaires de Licence qui ont pu permettre la réouverture des lycées.
Espaces temporaires d’apprentissage (ETA)
Avant la rentrée de l’année dernière lorsque nous avons constaté que la situation s’est vraiment dégradée pendant les vacances scolaires 2021-2022, nous avons fait un plaidoyer et l’Etat a bien voulu accorder plus de 3 milliards de FCFA aux 13 régions pour la mise en place de ces espaces temporaires d’apprentissage (ETA).
Pour que ça aille vite, on ne peut pas construire les salles de classe, il fallait ces ETA qui sont seulement moins chers, pas aussi résistants c’est vrai, mais cela a permis de sauver l’année scolaire de beaucoup d’enfants. Il y a plus de 1000 ETA dans les 13 régions et pour les 26 directions régionales. Dans chaque province où il y avait le besoin, ces ETA ont été construits. Il y en a en paille, en bâche, en semi fini. Même à Ouaga ici, il y en a.
Des conditions de réouverture des classes fermées…
Le gouvernement c’est un tout, c’est une unité. Si des populations retournent, les autres services sociaux de base doivent être mis en place dans ces villages. Nous travaillons ensemble, avec tous les ministères concernés dans un comité pour préparer le retour des populations. Les ministères en charge de la Santé, l’Action humanitaire, l’Education, l’Agriculture et l’Elevage.
Au niveau de l’éducation, ça consiste en une analyse de la situation des infrastructures existantes, voir si elle sont toujours en bon état ou si elles ont été vandalisées, s’il faut une acquisition des tables-bancs, s’il faut reconstruire. Il y a des zones où des populations retournent. Nous espérons que ce rythme de retour va se poursuivre pour avoir des classes plus allégées. Au lieu que les élèves soient dans des zones de repli avec plus de 100 par classe, qu’on puisse avoir des classes avec des effectifs normaux selon nos textes.
Tiga Cheick Sawadogo