La quête de l’autosuffisance alimentaire se heurte à la situation sécuritaire qui a contraint des milliers de producteurs à quitter leurs terres. Le gouvernement encourage les producteurs à favoriser les cultures vivrières pour favoriser l’autosuffisance alimentaire. Mais les producteurs sont partagés entre les cultures de rente, qui leur rapportent de l’argent, et les cultures alimentaires, qui leur permettent de vivre.
Karaba, un secteur de la commune de Houndé dans la région des hauts bassins. Végétation luxuriante, soleil ardent, des agriculteurs au travail dans les champs. Lihoun Pamaki, un homme trapu, la cinquantaine, inspecte sa plaine rizicole. Il y a quelques mois, le gouvernement a mobilisé les moyens pour labourer gratuitement toute la plaine rizicole, l’aménager avant de la remettre aux producteurs pour exploitation.
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« Le ministre (Ndlr. de l’agriculture) même est venu voir l’espace et a apprécié les travaux effectués. On prie maintenant qu’il y ait de bonnes pluies. Il a également dit qu’après, il pourra nous aider avec des intrants-agricoles pour nos champs », explique le producteur.
Ses 16 hectares de coton n’ont pourtant pas bénéficié de cette faveur gouvernementale. Selon lui, c’est une façon pour le gouvernement d’encourager les producteurs à prioriser les cultures vivrières dans le but d’attendre l’autosuffisance alimentaire. « C’est quand le ventre est plein qu’on peut chercher l’argent. De nos jours il y a des gens qui abandonnent leur champ à cause de l’insécurité, mais Dieu nous a fait grâce », poursuit l’agriculture.
Plus de dépenses pour les cultures de rente
Emmanuel Kombéma est le Directeur provincial en charge de l’agriculture, des ressources animales et halieutiques du Tuy. Il reconnait que les cultures de rente sont tentantes pour certains agriculteurs à chaque campagne agricole. Mais « comme on se bat pour l’autosuffisance alimentaire, il ne faut pas que les cultures de rente remplacent les cultures vivrières. Il faut avoir cette garantie en termes de cultures vivrières pour nourrir la famille et le pays », commente-t-il.
Cette exigence est rendue plus accrue avec la situation du pays, poursuit-il. « Des zones ne sont plus accessibles. Le besoin le plus pressant, c’est le besoin alimentaire. C’est ce que nous faisons en sensibilisant les producteurs », dit-il.
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Lihoun Pamaki n’a pourtant pas renoncé à ses cultures de rente. Bien au contraire. Avec fierté, il fait visiter son exploitation de soja, après avoir traversé le champ de maïs. Plus loin, le producteur qui emploie 13 personnes à temps plein, possède aussi son champ de coton. Jadis il était l’un des plus grands producteurs de « l’or blanc » de la localité.
Mais, il a désormais changé de politique agricole. « Nous cultivons le coton pour avoir de l’argent, mais souvent avec les crédits là, on n’en bénéficie pas. Avant, mon champ de coton valait plus de 20 hectares, mais maintenant on a un peu régressé. Sinon vraiment la culture du coton n’est pas rentable », regrette-t-il.
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Le Conseil des ministres, en sa séance du 31 mai 2023, a adopté l’Initiative présidentielle pour la production agricole 2023-2024. Cette initiative d’un coût de plus de 22 milliards de F CFA, comprend trois composantes. La première composante est l’initiative d’urgence pour l’intensification de la riziculture avec 4 000 hectares.
La deuxième composante est le Programme alimentaire militaire du Burkina qui va mobiliser 3 500 hectares et la composante 3, la production de défense de la patrie contre l’insécurité alimentaire, qui va concerner aussi 3 500 hectares. De cette initiative, il est attendu 190 000 tonnes de céréales et de légumes sur plus de 11 000 hectares.
Selon le Programme alimentaire mondial, le Burkina Faso traverse une crise majeure de sécurité alimentaire et de nutrition avec 3,4 millions de personnes, soit 15 % de la population, souffrant actuellement de faim aiguë.
Tiga Cheick Sawadogo