« Le Mali peut engager des mercenaires, même chinois », s’il estime que cela est nécessaire pour lutter efficacement contre le terrorisme. C’est l’expression de sa souveraineté. C’est ce que pensent de jeunes burkinabè qui suivent avec intérêt ce qu’il convient d’appeler ‘’affaire Wagner’’ ou mercenaires russes au Mali.
L’Etat Malien, englué depuis bientôt dix ans dans le terrorisme, envisage signer un contrat avec la société militaire privée russe, Wagner. Des jeunes burkinabè applaudissent cette option. « Je salue cette dynamique et ce courage des nouvelles autorités maliennes», clame Moumouni Dialla, président du Conseil national de la jeunesse du Burkina.
Celui qui est par ailleurs ancien coordonnateur des conseils nationaux de la jeunesse des pays du G5 Sahel en 2019, estime que plus la situation sécuritaire va s’enliser dans le sahel, plus les pays vont envisager d’autres solutions. « Obliger le Mali à rester dans l’ancien système et avec les anciens contrats et relations qui n’arrangent pas le pays, qui a connu ses limites, c’est de continuer à faire plonger le pays dans une situation plus chaotique », ajoute-t-il. Moumouni précise qu’à la journée internationale de la jeunesse à Tenkodogo, les jeunes ont demandé à l’Etat burkinabè de diversifier sa coopération militaire avec d’autres pays.
Signe de souveraineté
Etudiant en 3e année à l’université Joseph Ki-Zerbo de Ouagadougou, Inoussa Sana est d’accord avec Moumouni. Mieux, il voit là, un moyen de s’affranchir de la France, pays colonisateur et partenaire du pays dans la lutte contre le terrorisme. « C’est un jeune (Ndlr. Assimi Goïta) qui a fait le coup d’Etat et qui est en train de prendre ces décisions. Il veut que son pays soit libre, que la jeunesse s’en inspire pour se réveiller », défend l’étudiant.
Il dit être convaincu que c’est en toute souveraineté que l’Etat malien a décidé, en se fondant sur les résultats mitigés engrangés par son partenaire française. « Quand on dit qu’on est indépendant, ça veut dire qu’on a le pouvoir de faire son choix. Même s’ils avaient fait le choix de mercenaires chinois, la finalité, c’est d’être libre, d’avoir la paix et la sécurité », argue-t-il.
L’option envisagée par le Mali n’est pas du goût de la France, principal partenaire du pays. Les réserves de l’ancienne métropole laissent dubitatif Moumouni Dialla. « Je ne comprends pas pourquoi la France pourrait s’inquiéter plus de la situation au Mali que les maliens», déclare le président du CNJ pour qui le contrat qui lie les deux parties peut être résilié si les services de Wagner ne satisfont pas l’Etat malien.
Un débat animé sur les réseaux sociaux
Sur les réseaux sociaux, le débat est passionnant. Des jeunes ont des avis partagés. « Certains s’organisent pour la défense de leurs pays, et d’autres luttent pour le choix du meilleur impérialiste », lance Guet Wendé comme une pique, avant de revenir avec une question : « Si Wagner ne respecte pas les termes du contrat avec l’Etat malien, que peut ce dernier face à des mercenaires surarmés ? ».
Pendant ce temps, un autre internaute sur Facebook, loue la décision du voisin. « Le Mali a choisi sa voix en toute souveraineté. Celui qui n’est pas content, n’est pas d’accord en tant que partenaire, peut aller voir ailleurs. Le Mali n’est pas une sous-préfecture de la France, et le Mali a décidé de choisir avec qui collaborer. C’est un choix souverain et ça se doit d’être respecté comme tel », tranche Zinaba Rasmané.