Stratégique et politiquement bien visé. C’est l’interprétation que de jeunes burkinabè font du sommet entre la jeunesse africaine et Emmanuel Macron prévu le 8 octobre prochain, à Montpellier, en France. Si certains estiment qu’il est tout à fait normal pour la France d’écouter directement les jeunes africains au lieu des chefs d’Etats, d’autres rejettent le sommet Afrique-France et cela, quel que soit le nouveau format.
Le sommet Afrique-France change de format et rompt avec certaines de ses anciennes habitudes. Pour la première fois depuis 1973, les chefs d’Etats africains ne participeront pas à ces échanges politiques avec le président français. L’Elysée a convié plutôt des jeunes africains de tous les secteurs de développement pour échanger autour des questions essentielles de leur continent, l’Afrique.
Le sujet fait débat au sein des jeunes. Certains approuvent ou critiquent. D’autres par contre, se disent indifférents. « Je ne pense pas qu’une quarantaine de jeunes burkinabè peuvent représenter toute la jeunesse burkinabè et porter ses aspirations », lâche Samba Karim, étudiant en 2e année d’archéologie. Le jeune homme ne croit pas à une objectivité et une crédibilité des échanges qui auront lieu à ce sommet. Si pendant près de 50 ans, ajoute-t-il, les chefs d’Etats ont passé le temps à défiler entre sommet France-Afrique sans effet concret sur le développement, ce n’est pas ce nouveau format qui changera la condition africaine, est-il persuadé.
Le développement de l’Afrique doit être endogène
Le développement de l’Afrique doit être endogène selon le jeune étudiant en histoire et archéologie. « On doit laisser les Africains régler et trouver eux-mêmes leur voie de développement. Ça ne peut pas être discuté et décidé sur un autre continent », commente-t-il. Et s’il y a un projet de développement, c’est au président Macron de faire le déplacement vers l’Afrique pour échanger avec les jeunes africains, pas le contraire, fulmine Paz Hien, jeune activiste. D’ailleurs, insiste-il : « les relations entre Etats se discutent entre dirigeants. La France a certainement un agenda caché en procédant ainsi ». Et si « j’avais à adresser un message à Macron, je lui dirais que les Africains souhaitent que la France les laisse régler eux-mêmes leurs problèmes et que la nouvelle génération que nous constituons n’entend pas négocier sur ces aspects », poursuit Paz Hien.
L’influence de la jeunesse
La France, selon ce jeune activiste, s’est rendu compte que l’influence qu’elle avait sur les dirigeants africains n’arrive plus à avoir d’effets sur les populations qui commencent à rejeter cette France. Elle se tourne directement vers la population notamment les jeunes pour tenter une influence directe. « Mais ça ne marchera pas », se promet-il.
La résistance et le désamour de la France est exprimé par les jeunes, rappelle également Gabriel Kambou, président de l’association des blogueurs du Burkina. « La France cherche donc à gagner le cœur des jeunes. Ça ne me fait ni chaud, ni froid. C’est la France qui organise son sommet et elle invite qui elle veut », commente Gabriel qui ne partage pas la position du Conseil National de la Jeunesse. La faîtière des associations des jeunes du Burkina a en effet dénoncé le mode de désignation des jeunes qui participent à ce sommet.
Quid de la mise en œuvre des engagements et/ou conclusions ?
Pour des jeunes burkinabè, il s’agira de questionner les Etats sur le mécanisme d’application des décisions issues de ce type de cadre de concertation. « Après, c’est évidemment à chacun de faire sa propre lecture et s’approprier ce qui peut lui sembler pertinent. On n’est pas forcé de se sentir lié par des engagements et déclarations prises », affirme Facial Traoré, président d’une association de jeunesse.