Que l’on soit travailleur, élève ou étudiant le surmenage n’épargne personne. Sentiment d’épuisement extrême, incapacité de retenir, il atteint négativement l’activité cognitive. Pourtant, à travers une bonne organisation et une hygiène de vie, le surmenage encore appelé burn-out peut être prévenu.
Assise dans une salle de montage, casquette aux oreilles, Valérie Traoré, journaliste travaillant pour Radio Jeunesse Sahel, est en plein montage d’un reportage. Elle avoue avoir fait la mauvaise expérience du surmenage alors qu’elle exerçait dans un journal en ligne à Ouagadougou. L’exigence de son ancien patron et le besoin de célérité demandés dans le travail du journalisme en ligne ne lui ont pas fait de cadeau.
La pression psychologique montait d’un cran lors de certains grands évènements, selon Valérie Traoré. «Au cours des évènements, il fallait non seulement traiter l’information liée à ceux-ci, mais il fallait aussi créer des sujets d’initiative », se rappelle la journaliste. Comme conséquence, la toute jeune journaliste arrivait souvent toute tremblante au service. « Il y avait trop d’informations au niveau du cerveau et je ne tenais plus. Donc ça faisait que souvent j’ouvrais l’ordinateur, mais je ne voyais plus et je ne voulais rien faire», raconte-t-elle. Elle finira par démissionner, à peine une année passée dans ce service.
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Daniel Yaméogo lui exerce dans une entreprise de vente de voitures. Arrêté au bord du Boulevard Thomas Sankara, cet homme de 36 ans attend un client. Sous l’aisselle droite, un classeur où sont rangés une dizaine de dossiers. C’est avec sourire qu’il écoute notre question avant qu’on ait fini de la poser. Il dit être surmené régulièrement: «il arrive souvent, du fait que je suis fatigué, que j’arrive à mélanger les dossiers. D’un véhicule à un autre, je n’arrive plus à faire la différence », dit-il.
Le Burn-out qui, jusqu’à présent, n’est pas considéré par les professionnels de la santé comme une maladie, ne touche pas que les travailleurs. Jessica Yémbi, étudiante en 5e année de médecine à l’université Joseph Ki-Zerbo vient de sortir d’un cours cet après-midi du 13 octobre 2023. La jeune fille dit avoir connu le burn-out il y a une année alors qu’elle devait composer une session de rattrapage. « En deux semaines, il fallait se concentrer pour bosser neuf matières. Tu prends un cahier, tu as l’impression de revoir une autre matière. Quand ça arrive au moment de la composition, tu transposes tout. A un moment donné, tu arrives et tu oublies carrément ce que tu as appris. », explique l’étudiante.
Conséquence d’une mauvaise organisation?
Le surmenage causé par une forte pression psychologique est souvent dû à une mauvaise organisation du travail, selon Dr Rasmata Bakyono, psychologue, enseignante-chercheuse à l’université Joseph Ki-Zerbo de Ouagadougou. Elle dit constater avec regret que certains étudiants ne s’intéressent à leurs cahiers qu’à l’approche des compositions. Pourtant « la préparation d’une composition demande un investissement intellectuel important », insiste l’enseignante.
En plus du manque d’organisation, la psychologue pointe également du doigt une mauvaise hygiène de vie. « On ne va pas respecter le rythme de sommeil. On va prendre un certain nombre de substances pour pouvoir tenir les bosses comme ils le disent. », déplore-t-elle.
Dr Bakyono reconnait, certes, que certains patrons peuvent contribuer à surmener leurs employés en leur confiant une charge de travail excessive. Mais selon elle, la responsabilité est principalement empruntable aux individus qui en souffrent.
La nécessité d’une prise en charge
Dr Bakyono recommande de consulter un professionnel de la santé mentale en cas de surmenage. Cela, pour « permettre à la personne de retrouver une situation d’équilibre de bien-être mental et physique ». Il ne faut pas hésiter à le faire, insiste-t-elle parce que la surmenage peut avoir des conséquences sur la santé physique et mentale, mais également peser sur les relations du patient avec son entourage.
Pour éviter d’en arriver à cette situation, il faut dormir suffisamment, manger sainement, conseille Dr Rasmata Badyono. « Éviter de consommer des substances psychoactives comme le café et le thé, dans le but de travailler plus longtemps et surtout organiser rigoureusement son travail », poursuit la psychologue.
Elle invite, enfin, les travailleurs, élèves et étudiants à intégrer des activités sportives et ludiques dans leur quotidien.
Adrien Djiguemdé (collaborateur)