Paul Daumont, le champion du Burkina Faso, a remporté la deuxième étape du Tour du Faso 2023, qui reliait Manga à Ziniaré. Il a devancé ses concurrents au sprint final, après avoir parcouru 140 km à travers des paysages magnifiques. Il conserve ainsi son maillot jaune de leader, qu’il espère garder jusqu’à la fin de la compétition.
Ce matin du samedi 28 octobre 2023, le carrefour de Noryida, à 18 km de Manga, s’éveille au rythme des coureurs du Tour du Faso 2023. Dès 7 heures, les premières vendeuses de fruits et légumes s’installent sur le bord de la route, espérant attirer les voyageurs de passage. Mais aujourd’hui, un événement exceptionnel dans ce carrefour : le départ de la deuxième étape du Tour du Faso.
A quelques mètres de là, la voix tonitruante de Aboubacar Tiemtoré, dit 14, célèbre animateur des courses cyclistes à Ouagadougou et au Tour du Faso, résonne dans les haut-parleurs. Les kiosques à café et les restaurants par terre sont pris d’assaut par les caravaniers du Tour du Faso, qui profitent de ce moment pour prendre des forces. Parfois, l’on peut apercevoir dans un kiosque des hommes parfois en tenue, prendre un petit café ou du thé avec des omelettes. Ils préparent à affronter la route et la chaleur.
Petit à petit, la foule s’agrandit autour du carrefour. Des riverains de tout âge se pressent pour voir ces forçats de la route et surtout le Burkinabè Paul Daumont, vainqueur de la première étape la veille. Certains prennent des photos avec les cyclistes à l’aide de leur téléphone portable. De l’autre côté, les directeurs techniques des différentes équipes rassemblent leurs coureurs et leur donnent la tactique du jour. Chez les Burkinabè, il s’agit de protéger le maillot jaune. Les autres peaufinent leurs stratégies pour remporter l’étape mais aussi récupérer le maillot jaune.
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A 8h05, comme prévu, les coureurs sont sur la ligne de départ. Mais, à la surprise générale, un coureur burkinabè, saisi par un besoin pressant, quitte le peloton en trombe pour se soulager dans la brousse. Le départ est retardé de quelques minutes, le temps que le malheureux revienne. Pendant ce temps, les véhicules de la caravane se mettent en place. Les consignes sont strictes : le commissaire de course envoyé par l’UCI demande à certains de prendre la tête de course. Les directeurs techniques restent en arrière. Seuls les motards peuvent s’approcher des coureurs. Mais là également, il faut veiller à ne pas les perturber.
Le top départ est enfin donné. Les coureurs se lancent dans un petit rythme. Mouni Vincent, de l’équipe nationale du Burkina Faso a un autre plan en tête : il décide de fausser compagnie au reste du peloton. Issouf Ilboudo de l’équipe régionale de l’Ouest et Salikou Jérémie Kossoko du Cameroun décident de le suivre. Les trois fuyards passent près de 80 km seuls en tête.
Avec cette échappée, Mouni Vincent se montre plus à l’aise au sprint : il remporte les deux sprints intermédiaires sous les acclamations du public. Derrière, le peloton est contrôlé par les Belges frustrés la veille par la victoire de Paul Daumont. Ils veulent imprimer leur rythme à la course. Les Burkinabè décident de protéger leur leader.
Sur la route, quelques personnes s’arrêtent pour encourager les coureurs qui roulent à une allure inhabituelle pour les cyclistes ordinaires. Ils peuvent admirer les gros épis de sorgho, annonçant une bonne campagne agricole, la chaleur des Burkinabè dont la passion pour le cyclisme peut se lire dans le regard. La sécurité qui ouvre la voie fait garer certains minicars, parfois surchargés sur le bas-côté pour laisser passer le peloton.
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Ainsi, la caravane traverse les localités comme Komassoum, Dagouma, Zamce, Kombissiri, Koubri, Kendpalogo, Karpala Lanoyiri, Kiendpalgo, Ouagadougou, Loumbila pour s’ébranler à Ziniaré où est amassée une importante foule attendant le premier à l’arrivée. Alors, Baudoin Koudougou alias Jeune premier, l’un des animateurs se saisit alors du micro. « Le paquet arrive. Je vois le Cameroun, le Burkina Faso, le Maroc, la Belgique, le Burkina Faso ! le Burkina Faso ! le Burkina Faso ! Paul Daumont ! Paul Daumont ! Deuxième victoire de Paul Daumont ! », lance l’animateur en plein extase.
Paul Daumont est en effet le premier à franchir la ligne d’arrivée. Il lève les bras et montre ses muscles. Le public hurle de joie. Le vainqueur du jour, victorieux également la veille est assailli par certains admirateurs. A peine arrivé, les journalistes lui tendent le micro. Temps mis pour parcourir les 107,2km, 2h25’45s soit une vitesse moyenne de 43,82 km/h.
A peine arrivé, les journalistes lui tendent le micro pour recueillir ses impressions après cette nouvelle victoire. « Nous ne chassons pas. Nous laissons les autres équipes chasser. On se repose à l’arrière et dans le final on revient en force devant », explique Paul Daumont. Mais, le dernier champion du Burkina Faso reste méfiant. Il reste encore huit étapes. Elles sont difficiles. Mais, Paul Daumont est tout de même confiant. Il a les capacités pour conserver le maillot jaune.
Boukari Ouédraogo