Le FESPACO ne se vit pas dans les salles de ciné de Wemtenga, Tampouy et d’autres quartiers de Ouagadougou. Ces lieux de projection cinématographique sont délaissés, désuets et en piteux état. Les riverains disent ne pas être concernés par le festival qui s’est éloigné d’eux.
Devant la salle de ciné de Tampouy, Rahim Bamogo, la vingtaine, vend des pagnes. Venu nouvellement de Kaya, le jeune homme espérait suivre des films à côté de son lieu de travail, surtout dans le cadre du FESPACO. «J’ai appris que cette salle était bien fonctionnelle. Nous aussi nous voulions regarder des films », dit-il.
A l’intérieur de la salle de ciné de Tampouy, les places assises sont en rouille, si elles ne sont pas simplement démontées et au sol. Des commerçants y ont alors trouvé un magasin pour déposer leurs marchandises. Seul l’écran de projection laisse deviner qu’il s’agit d’une salle de ciné.
« C’est décourageant quand tu rentres à l’intérieur. C’est délaissé. Ça ne donne pas envie de s’asseoir avec sa petite famille pour suivre un film (…) Les gens rentrent mais se rendent compte très tôt que les conditions n’y sont pas réunies. Il y a des moustiques et comme ce n’est pas couvert, en cas de pluie, ce n’est pas évident », explique Issa Ilboudo, gérant d’une boutique à l’entrée de la salle. Selon lui, quand la salle était fonctionnelle, le public se bousculait pour suivre des films, surtout quand le programme est nouveau.
Une conséquence de l’insécurité ?
Pour les riverains des salles de ciné des quartiers, le FESPACO s’est éloigné. Avant, quand les salles étaient fonctionnelles, des films étaient diffusés et le festival se vivait pleinement. A la salle de ciné de Wemtenga, un autre quartier de la capitale, le constat est le même qu’à Tampouy. Aucune trace du plus grand festival de cinéma en Afrique.
« Cette année, on ne sent même pas qu’il y a le FESPACO. Il n’y a pas de projection ici, ils ont dit que pour des raisons de sécurité, ils ne pourront pas couvrir toutes les salles (…) les éditions précédentes il y avait des projections ici. Avant le FESPACO, c’était de rapprocher les populations du cinéma. Tu ne peux pas aller dans les grandes salles, tu es dans ton quartier et le FESPACO te retrouve là-bas», précise Karim Kinda, technicien au ciné Wemtenga.
Il ajoute que certains festivaliers aimaient surtout les salles de ciné dans les quartiers. « Les étrangers surtout les blancs aiment ce genre de salle, ils estiment que ça permet de découvrir les quartiers populaires, discuter avec les populations », dit-il.
Loin des salles de ciné…
Eloignées du FESPACO, les populations regrettent de ne pas pouvoir regarder de films, car les salles de projection sont loin de chez elles. « Je n’ai pas vraiment de temps pour aller dans les salles de ciné en ville. Dans la journée je travaille. La nuit aussi, je suis tellement fatigué qu’il est difficile de traverser toute la ville pour aller jusque-là où se trouvent les salles », note le jeune Rahim Bamogo.
Son avis est partagé par Issa Ilboudo qui accuse la distance entre son quartier et les salles de ciné en ville. Outre la distance, Karim Kinda, le technicien du ciné Wemtenga estime que les populations des quartiers se disent que les grandes salles de diffusion en ville ne sont pas faites pour elles.