Le Tour du Faso est l’une des plus grandes compétitions cyclistes d’Afrique. Chaque année, des coureurs de différents pays viennent s’affronter sur les routes du Burkina Faso. Parmi eux, il y a les jeunes Nigériens, qui participent pour la première fois à cette épreuve prestigieuse. Malgré les difficultés, ils sont déterminés à vivre leur passion et à acquérir de l’expérience. A la découverte des jeunes nigériens sur le Tour du Faso.
Le Tour du Faso en est déjà à sa quatrième étape quand, en cette matinée, le mécanicien de l’équipe du Niger s’affaire autour d’un vélo. « Je suis le mécanicien de l’équipe. Je dois tout faire pour que les coureurs prennent la route sans aucun problème. Si quelqu’un tombe en panne, automatiquement, je dois me dépêcher pour le dépanner », explique Ibrahim Abdoulaye, également ancien cycliste.
Puis, il écoute le bruit de la chaîne quand la roue arrière roule, décollée du sol. « C’est bon. Il peut commencer son échauffement », dit-il en remettant le vélo à Seydou Ibrahim. La vingtaine à peine, il participe pour la première fois au Tour cycliste international du Tour du Faso avec trois autres coéquipiers. Mais après deux étapes, ils ne sont plus que deux à tenir dans le peloton. « L’un n’a pas tenu au rythme après la première étape. Et l’autre est tombé malade », explique Seydou.
N’empêche, le jeune homme, étudiant à l’Institut national de la jeunesse et des sports de Niamey, vit un véritable rêve, lui qui a toujours voulu participer au Tour du Faso depuis qu’il a embrassé la petite reine. Ce rêve est devenu réalité. Et Seydou compte le vivre à fond. « Le Tour du Faso, c’est l’une des plus grandes compétitions d’Afrique. C’est ma première compétition. Je profite pour acquérir de l’expérience », dit-il visiblement heureux. C’est pourquoi, malgré les difficultés dues notamment à la qualité des vélos, il ne compte pas lâcher prise.
S’aguerrir au Tour du Faso
Son coéquipier, Issoufou Mahayadou plus timide est tout de même déterminé. A deux, ils essaient de tenir le rythme imposé par les coureurs belges, marocains et burkinabè. « Le rythme va souvent à plus de 40 km à à l’heure. Nous ne sommes pas habitués », concède Issoufou. Tout comme Ibrahim, il compte profiter de cette compétition inscrite dans le calendrier de l’Union cycliste internationale (UCI) pour s’aguerrir. Et avant le top départ, le directeur technique de la Fédération nigérienne de cyclisme (FBC) s’approche et donne les consignes du jour.
Elles consistent à rester dans le peloton et ne pas trop rester en arrière au risque de souffrir. Il vise un objectif particulier : permettre aux jeunes d’acquérir de l’expérience et la partager avec ceux restés au pays. « Il nous manque énormément de compétitions, nous allons profiter pour avoir un peu de compétition avant notre championnat national qui aura lieu en décembre », détaille Souley.
Mais il reconnaît que la participation du Niger obéit également à des raisons politiques. Dans un contexte de lutte contre le terrorisme, le Niger, le Mali et le Burkina Faso ont créé l’Alliance des États du Sahel (AES) dont l’objectif est de mutualiser les forces pour lutter contre le terrorisme. Au Burkina Faso, comme au Niger, les jeunes adorent la petite reine. C’est le constat que fait Souley : « C’est dans le sang de tout Africain. Étant petit, tout enfant rêve d’avoir un vélo, souvent pour aller à l’école, souvent pour ses courses au niveau familial. C’est ce qui fait que malgré le football, les jeunes aiment le vélo ».
Le manque de moyen
Toutefois, entre aimer le vélo et faire du cyclisme, le fossé semble grand. Selon Issoufou Mahayadou, le manque de moyen pour acquérir des vélos de courses adaptés empêche certains jeunes de pratiquer le cyclisme. De plus, le cyclisme est plus pénible que les autres disciplines comme le football. « Certains viennent après un ou deux entraînements, ils abandonnent parce qu’ils ont du mal à tenir. Ce qui fait qu’on n’a pas la possibilité d’avoir beaucoup de coureurs », regrette le jeune cycliste.
Il espère que si les jeunes ont les moyens d’avoir des vélos adaptés, ils s’intéresseront mieux au cyclisme. La passion existe pourtant au Niger selon Ibrahim. Les jeunes adorent le cyclisme et veulent participer notamment au Tour du Faso dont ils entendent parler.
« Après chaque étape, il y a des gens qui nous appellent pour avoir des informations, pour savoir comment on s’en sort. Ils veulent aussi participer au tour du Faso », dit-il avant de souligner, à partir de son expérience : « si tu n’as pas le gabarit, tu ne peux pas participer au Tour du Faso ».
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Au Niger, des efforts sont faits pour intéresser les jeunes au cyclisme. Mais le manque de moyens empêche la fédération de mettre en œuvre son programme de développement du cyclisme. Sinon, le directeur technique a beaucoup d’idées pour faire avancer la discipline dans son pays.
« Il nous faut organiser des tournois, de petites compétitions au niveau des primaires, collèges, des lycées, des régions. C’est à partir de là que nous allons détecter les meilleurs des meilleurs et les intégrer dans les clubs et à partir des clubs, ils pourront intégrer l’équipe nationale », propose Souley.
En attendant, les Nigériens continuent leur apprentissage sur le Tour du Faso. A la 7e étape, Mahayadou Issoufou est arrivé à la 58e place sur 64 coureurs. Ibrahim Seydou est arrivé 31e. Des résultats loin de décevoir le groupe qui poursuit son objectif au Tour du Faso : apprendre.
Boukari Ouédraogo