Les autorités de la transition ont annoncé plusieurs reformes au Burkina. Dans le cadre de ses activités, le projet Fasoveil à travers le Centre pour la Gouvernance démocratique (CGD) a organisé un colloque national sur ces dites réformes. Cette activité a réuni des acteurs de la société civile à Ouagadougou.
« Quelles réformes consolidantes pour la démocratisation et l’état de droit ? ». C’est pour trouver des réponses à cette interrogation que le Centre pour la Gouvernance démocratique (CGD) a réuni des organisations de la société civile. L’initiative est du projet Fasoveil. L’objectif du colloque était de faire l’état des lieux des réformes engagées par le gouvernement afin de proposer un cahier de réformes adapté aux réalités de la société burkinabè.
« Ce forum est un pic, un pic libre et démocratique pour nous permettre de remplir notre mission, celle de promouvoir la démocratie et la bonne gouvernance au Burkina Faso », a expliqué le Directeur exécutif du CGD, Dr Thomas Ouédraogo.
Retour dans le passé
Hervé Daboné dans sa communication inaugurale est revenu sur les travaux du collège des sages de 1998-1999. Il a rappelé que plus de 500 organisations, personnes et témoins ont été entendus. Les travaux ont débouché sur quatre recommandations: La réforme de la justice ; la lecture de certains textes notamment la constitution et également la conception d’un régime juridique pour les partis et formations politiques ; la mise en place d’un gouvernement d’unité nationale et de large ouverture et une commission de vérité et de justice.
Hervé Daboné a également présenté la prospective Burkina 2025. Il a précisé qu’elle s’inscrit dans le cadre stratégique de lutte contre la pauvreté qui pêchait par son manque de vision prospective. « Un cadre stratégique qui n’avait même pas de boussole de conduite », a-t-il regretté. Il s’agissait alors, entre autres, d’accroitre les capacités d’anticipation et des gestions concertées du développement, dégager les tendances de production de la société Burkinabè, identifier les opportunités du changement social, définir le profil souhaité du pays à l’horizon d’une génération.
Le CCRP et ses résultats mitigés
A la suite du Magistrat Daboné, l’Ambassadeur Marc Somda a exposé les travaux du Conseil Consultatif pour les Réformes Politiques (CCRP). Il introduit ses propos en situant le contexte. Un contexte national qui était marqué par des revendications. Constitué de 68 membres, le CCRP avait pour objectif de déterminer les conditions du dialogue démocratique, la question de l’équilibre des pouvoirs, les élections libres et transparentes et l’amélioration de la gouvernance globale.
Selon l’ambassadeur, les débats étaient ouverts et francs « avec la question de l’article 37 comme question fondamentale ». Les travaux ont été sanctionnés de plusieurs propositions consensuelles. Il s’agit notamment de la création d’un cadre de dialogue directe entre les autorités et les populations; la reconnaissance officielle de la chefferie coutumière dans la constitution; le régime semi présidentiel.
L’Ambassadeur Somda a également évoqué quelques points non consensuels entre autres la révision de l’article 37 ; le remplacement des préfets de départements par les magistrats au niveau des audiences. Le CCRP selon le panéliste Somda, a fini ses travaux en formulant des recommandations notamment le statut de la chefferie coutumière et traditionnelle, la journée de souvenirs et une journée de réflexion sur la laïcité. Mais “ la politique est ce qu’elle est. Il y’a ce qu’on propose et ce qui est fait réellement”, fait-il savoir.
De la commission constitutionnelle
Pr Djibrina Ouédraogo a lui, décortiqué les travaux de la commission constitutionnelle. D’entrée de jeu, il a présenté la procédure d’adoption du projet constitutionnel qu’il a jugé très démocratique car “il y’a une procédure inclusive, à travers la reconnaissance d’un droit de véto à chaque composante ”.
La commission avait la possibilité de consulter des personnes susceptibles de l’éclairer, de recueillir des avis des Burkinabè des régions et de l’extérieur sur l’avant-projet de la constitution. Aussi, la commission constitutionnelle n’avait reçu aucune feuille de route du président en exercice. Une procédure que le professeur a considéré comme inédite ; car “elle est ouverte et elle a constitué une source d’inspiration pour d’autres pays”.
Des résultats fortement attendus
Suite aux trois communications, des participants se disent satisfaits du contenu des échanges. “Ce colloque a toute sa raison d’être” lance avec sourire Djénéba Sidibé Sangaré présidente de l’Association genre paix et développement durable du Sud-Ouest. Elle souhaite que ce colloque ne soit pas une assise de plus. “En tant qu’acteur de la société civile, et surtout membre d’une coordination de femmes, nous recommandons que la représentativité des femmes soit revue en hausse à tous les niveaux au Burkina Faso”, a-t-elle plaidé.
Les conclusions de ce colloque serviront de plaidoyer auprès des autorités. « L’objectif pour nous ici, c’est d’élaborer un cahier de réformes, faire des propositions. Ensuite on va agencer tout, pour porter ces recommandations vers les pouvoirs publics”, a expliqué le chargé de programme du CGD Anselme SOMDA.
Salamatou Dicko