Plongez dans les coulisses du Tour du Faso, l’une des plus grandes courses cyclistes d’Afrique, à travers le témoignage de Relwendé Zongo et Joachim Nikièma, les acteurs principaux de la photofinish. Découvrez le travail délicat et méticuleux de cette technique qui permet de déterminer l’ordre d’arrivée des coureurs, ainsi que les défis et les enjeux qu’elle implique.
Sabou est une localité située à environ 36 km de Koudougou, où les cyclistes doivent rejoindre la 6e étape du Tour du Faso 2023, qui se déroule entre Ouagadougou et la cité du cavalier rouge. Un petit soleil brille sur la chaussée où les spectateurs sont amassés pour encourager les coureurs. Un véhicule se gare. Un jeune homme, Relwendé Zongo sort précipitamment, muni d’une sorte de caméra. Il se positionne sur la ligne d’arrivée, place son matériel pour capturer l’arrivée des cyclistes à cet endroit appelé point chaud ou sprint intermédiaire dans le milieu du cyclisme.
Le sprint intermédiaire permet d’attribuer des points au classement général par points et par temps aux différents cyclistes. Pour cela, il faut être minutieux pour ne pas se tromper. Relwendé Zongo est là pour filmer les images de ce sprint et les transmettre à un jury sur la ligne d’arrivée. « On devait être à l’arrivée, mais on a constaté qu’au niveau des sprints intermédiaires, les gens arrivent groupés. Souvent, pour faire les classements à l’œil nu, c’est compliqué. C’est pourquoi ils ont trouvé une troisième personne qui accompagne le jury au cas où il y a des doutes », explique Relwendé Zongo.
Le Tour du Faso, une épopée cycliste de plus de 30 ans
Puis, il précise : « Mon rôle, c’est de vérifier et d’éclaircir sur tous ceux qui sont passés, parce que souvent, c’est au millimètre près ». Puis, il scrute l’horizon à la recherche du premier groupe de coureurs. Il entend le bruit des motos qui précèdent les cyclistes. Puis, il voit les maillots colorés des coureurs qui se détachent et franchissent la ligne. Cette fois, l’arrivée n’est pas groupée. Relwendé Zongo a le sourire. « Souvent, c’est relax. Souvent, c’est compliqué », concède-t-il. Il n’y a plus de sprints intermédiaires pour cette étape. Alors, Relwendé s’engouffre dans son véhicule pour être sur la ligne d’arrivée avant les cyclistes.
A Koudougou, l’attendent Joachim Nikièma et Soungalo Traoré. Ce sont des experts de la photofinish. Derrière des écrans d’ordinateurs, ils notent et corrigent les résultats transmis par les commissaires de courses et Relwendé Zongo. Au-dessus de la tente qui sert d’abri, sont installées des caméras qui filmeront les cyclistes ayant franchi la ligne. Autour de la tente, on entend la foule bruyante. L’atmosphère est noyé par la voix du speaker amplifiée par les baffles.
« Et vous voyez l’ambiance dans laquelle nous travaillons. Ce n’est pas une ambiance favorable. Normalement, c’est un car avec une petite lucarne où notre caméra est protégée de tout, et un habitacle où vous travaillez loin de tout ce bruit-là. C’est beaucoup plus efficace, c’est beaucoup plus sécurisant. Mais on fait avec. Ce sont les conditions du terrain », explique Joachim Nikièma.
Cette technique qui utilise des caméras à haute vitesse pour capturer les images des coureurs au moment où ils franchissent la ligne. « Le rôle de la photofinish consiste à repérer les coureurs, à établir l’ordre d’arrivée à l’aide du dispositif que nous avons ici », poursuit Joachim Nikièma. Pour cela, il dispose de deux caméras, des appareils de vidéo de contrôle « pour ne rien rater du tout, parce que parfois, il y a des incidents ».
Quand le speaker annonce le sprint final, Joachim Nikièma se tourne vers son ordinateur. Cette fois, pas besoin de recourir à la photofinish pour déterminer le vainqueur de l’étape, le Burkinabè Paul Daumont. Mais le travail ne s’arrête pas là. Il faut déterminer le reste du classement de cette étape, puis les classements généraux.
Travailler avec minutie
À l’aide d’une tablette, avec son assistant Soungalo Traoré, il observe, note, classe les cyclistes par ordre d’arrivée. « Dès qu’on a mis les coureurs dans l’ordre, il s’agit de reverser ces dossards dans une base de données que nous avons préparée en début de course. À travers les numéros des dossards que nous introduisons, cela fait apparaître le coureur avec tout son classement, tous les cumuls des points, du temps qu’il a eu pour le classement individuel au temps et bien sûr l’ordre d’arrivée de l’étape », décrit Joachim.
Après cela, Joachim et son équipe procèdent à l’édition des résultats après avoir introduit ces données dans une base de données. Cette étape terminée, il peut procéder à la proclamation des résultats. Quand il est sur ce travail, le patron de la photofinish ne veut pas être dérangé.
« C’est un travail délicat. Il faut être méticuleux là-dessus, car quelques fois, des erreurs se glissent et c’est bien fâcheux. Ça fait parfois des réclamations, et nous, on n’aime pas les réclamations. On aime du travail très propre », précise-t-il en riant. Mais il arrive souvent que la machine se grippe. Des coupures d’électricité. Des spectateurs qui passent devant la caméra. L’ordinateur qui se bloque. L’équipe de la photofinish a trouvé un moyen d’éviter ces désagréments. « Zongo, lui, va de l’autre côté, comme ça, on est deux. Au moins, l’une des équipes aura les résultats », avoue Joachim Nikièma.
Les résultats proclamés, Joachim et son équipe rangent le matériel et prennent un repos. Ils doivent devancer le peloton plusieurs heures avant la ligne d’arrivée, installer le matériel et recommencer la même routine jusqu’à la fin de la compétition. Ce qu’ils ont réussi avec brio jusqu’à la fin de la compétition sans qu’il n’y ait de contestation.
Boukari Ouédraogo