Le quartier Toudbwéogo, au nord de Ouagadougou, est envahi par une puanteur insoutenable. C’est le centre d’enfouissement des ordures de la ville, une décharge publique géante, qui empoisonne la vie des habitants. Des montagnes de détritus s’accumulent, dégageant des odeurs nauséabondes et attirant des nuées de mouches et de moustiques. Les riverains sont exposés à des risques sanitaires et environnementaux, sans pouvoir y remédier.
C’est une mi-journée humide au quartier Toudbweogo. Une fine pluie vient de s’arrêter, mais elle a laissé derrière elle une odeur pestilentielle qui prend à la gorge. Les passants sont souvent obligés de se boucher le nez pour traverser le quartier. Cette odeur provient du centre d’enfouissement d’ordures de la ville de Ouaga. Pas seulement.
Tout autour, des détritus de toutes sortes, des ordures ménagères, des carcasses d’animaux en putréfaction… Le sol est boueux et jonché de déchets. L’air est irrespirable. A chaque fois qu’une pluie tombe, l’odeur devient presque insupportable.
Il est difficile d’imaginer que des gens vivent et travaillent à proximité de ce lieu tant les odeurs sont fortes. Des buvettes, des boutiques, des ateliers de mécanique et de couture sont installés le long de la route. Les tenanciers semblent indifférents. L’habitude apparemment. Certains clients y mangent même sans se soucier de la mauvaise odeur. Ils sont assis sur des bancs en bois, devant des tables en plastique. Ils boivent du thé, mangent du riz, discutent entre eux. Ils font comme si la décharge n’existait pas.
«Vous n’avez pas la paix »
Une voie rouge poussiéreuse sépare le centre d’enfouissement des habitations. De l’autre côté, Émilie Zoungrana, la trentaine, a étalé des concombres sur une grande table qu’elle vend.« Nous qui sommes assis ici, en tout cas, ça nous fatigue. Quand les odeurs arrivent comme ça, vous n’avez plus la paix. Ça cause des ballonnements et tu n’arrives plus à bien respirer », se plaint Émilie Zoungrana.
Un peu plus loin, dans une buvette vide située en face du centre d’enfouissement, de grosses mouches mortes sont posées sur des tables. La tenancière, qui préfère garder l’anonymat, semble habituée à cette scène dégoûtante.
« Dès que tu déposes de la nourriture pour manger, les mouches tombent dessus. Lorsque tu cuisines, tu es obligé de garder le récipient fermé même pour remuer sinon les mouches y plongent. Pourtant tu ne peux pas être là à remuer avec le couvercle mais il y a beaucoup de mouches », explique la tenancière du maquis.
La part de responsabilité des riverains
Elle a recours à certains produits pour tuer les mouches attirées par les mauvaises odeurs. Elle montre un produit écrit en anglais et en arabe « Green Axe powder ». C’est ce produit acheté chez des vendeurs ambulants qu’elle utilise pour tuer les mouches. « Nous qui sommes ici, nous achetons des produits que nous aspergeons partout avant de pouvoir travailler. Cette situation est insupportable pour nous », admet-elle.
En plus des mouches qui volent sans cesse, il faut aussi supporter les piqûres incessantes des moustiques. « Et à cause de cela, on souffre de paludisme chaque deux jours (…) Les moustiques nous fatiguent beaucoup», avoue-t-elle. Le centre d’enfouissement est clôturé. Cependant, les riverains contribuent à rendre la situation plus dramatique, selon Émilie Zoungrana. « Sinon même derrière le mur, les gens y jettent des ordures. Quand un animal meurt, les propriétaires les jettent là-bas », regrette la vendeuse de concombres.
Pour réduire les odeurs, les mouches, les moustiques et d’autres types d’insectes, certains riverains proposent des séances de pulvérisation et aussi des distributions de moustiquaires. Une chose que les autorités ne font pas, selon la tenancière du maquis. Les démarches entreprises pour avoir l’avis du service d’hygiène de la mairie de Ouagadougou sont restées sans réponse.
Aminata Ouédraogo (Stagiaire)