Les débats autour de la démocratie peuvent être très virulents dans les pays africains. Le dialogue démocratique sur « quelle démocratie pour nos enfants ? » qui s’est tenu en marge de la 16e édition du festival ciné droit libre n’a pas dérogé à la règle. A l’occasion, les jeunes ont été invités à puiser dans la richesse des traditions démocratiques qui sont propres au continent pour améliorer le processus en cours.
« Quelle démocratie pour nos enfants ? », tel était le thème qui a fait couler beaucoup d’encre et de salive entre le monde estudiantin et les animateurs du panel-débat en marge de la 16e édition du festival ciné droit libre. D’emblée, les panélistes dont le diplomate et ancien ministre sénégalais des affaires étrangères Cheick Tidiane Gadio et le directeur exécutif de l’institut burkinabè Free Afrik, Ra-sablga Seydou Ouédraogo ont expliqué qu’il est important d’engager la discussion sur la démocratie dont les jeunes africains ne semblent plus rien en attendre. Selon le panéliste Sénégalais, « même si la démocratie telle quelle est appliquée actuellement sur le continent n’est pas des plus enviables, la démocratie en tant que système de gouvernance était pour lui non négociable ». Il appartient donc aux jeunes africains d’aller puiser des exemples de pratiques démocratiques dans la riche culture africaine. En effet, selon les communicateurs, « le continent africain n’est pas nouveau dans la gouvernance démocratique, il la connaissait bien avant l’arrivée du colon sur son sol ». La charte du mandé et le projet démocratique de Thierno Souleymane Bale présenté dès 1776 bien avant les révolutions américaines et française ont été cités en exemple.
De l’avis du diplomate sénégalais, l’Afrique a aujourd’hui mal dans sa gouvernance et pour cela il faut se préoccuper de la jeunesse sur qui son « grand futur » se repose. « Nous ne pouvons pas être le continent potentiellement le plus riche du monde et avoir un atout majeur, c’est-à-dire la jeunesse que les autres continents n’ont pas et malheureusement avoir un leadership qui n’est pas en phase avec nos populations », a-t-il martelé.
Une série de divorces
Quant au Docteur Ra-sablga Seydou Ouédraogo, il a dénoncé « un recul de la démocratie depuis 2015 en Afrique à travers le retour des « coups d’état », et autres « tripatouillages constitutionnels ». Selon l’enseignant-chercheur, « la démocratie est beaucoup plus profonde qu’il ne faut pas se contenter de faire juste une lecture superficielle sur la forme des élections ». Elle est beaucoup plus profonde que si on veut en faire une évaluation intégrale on relèvera une série de divorces qui d’après lui, est la caractéristique de la crise démocratique en Afrique. Il a noté d’abord « le clivage profond entre les élites et les populations ». À ce niveau le directeur de Free Afrik indique que ce clivage a fait que le train de vie des élites n’a rien à avoir avec la misère des populations. Il a trouvé ensuite le poids de l’argent dans la sélection des dirigeants comme le deuxième divorce dans le processus démocratique. À l’en croire, la vertu démocratique qui régit la bonne gouvernance s’est retrouvée évincer par l’argent. Le troisième divorce toujours selon lui, « c’est le divorce qui existe entre les villes et les campagnes » notamment sur la répartition des besoins primaires.