La trentaine bien sonnée, Véronique Yonli est l’une des pionnières en matière d’entraîneuse de football chez les dames. Malgré les obstacles liés aux préjugés, elle souhaite écrire sa propre histoire.
Toujours en tenue de sport, l’air joviale et déterminée, Véronique Yonli participe à la Coupe d’Afrique des nations (CAN) 2021 au Cameroun. Objectif, renforcer ses connaissances tactiques et techniques sur le déroulement d’une rencontre de football et l’organisation d’une compétition de cette envergure. « Je veux toujours voir ce que les hommes font pour faire mieux », avertit-elle. Véronique Yonli est l’une des rares femmes actives sur le terrain en tant qu’entraîneuses de football au Burkina Faso.
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Au Burkina Faso, il n’est pas habituel de voir des femmes dans le métier d’entraîneur de football. Adjointe du sélectionneur de l’équipe nationale dame, Véronique Yonli suscite souvent la curiosité. « J’ai joué au football au moment où ce n’était aussi développé qu’en ce moment. J’avais déjà la passion de ce sport depuis mon enfance. Et j’ai été initiée par mon professeur d’éducation physique et sportive », se souvient la jeune dame. Passée par l’équipe féminine les Princesses du Kadiogo, Véronique décide très tôt de se convertir dans le métier d’entraîneuse et passe les différents examens exigés aux côtés d’hommes depuis 2012.
Défier les préjugés
« En 2012, j’ai pu faire une formation à Lausanne en Suisse en tant qu’entraîneur, directrice technique et préparatrice physique ». Ces diplômes lui ont valu d’être recrutée en 2015 comme entraîneur adjointe en équipe nationale dame chez les séniors et les moins de 20 ans dames. A son actif, plusieurs phases éliminatoires de ladite compétition. Son visage se crispe lorsqu’elle évoque les difficultés liées au métier.
« Dans le football masculin, les parents s’investissent pour former les enfants. Mais chez les filles, c’est l’encadreur qui s’investit pour former les enfants qui sont pour la plupart des élèves », regrette-t-elle d’un air triste. En plus de cela, elle doit faire face aux préjugés. « Le milieu d’entraîneur est un milieu dur parce que c’est un milieu d’hommes. Il y a des préjugés parce que tu es chaque fois au milieu des hommes. Si ton conjoint à la maison ne te soutient pas, c’est difficile. Heureusement, mon compagnon me comprend ». Pour réussir dans ce milieu d’hommes, il faudrait avoir du caractère selon Véronique.
Servir d’exemple
Les qualités nécessaires sont donc: « d’être tolérante, avoir le sang-froid et être à l’écoute ». « Je veux écrire ma propre histoire. Je ne veux pas qu’on dise qu’au temps de Véronique, elle passait son temps à pleurer. J’ai toujours dit que ce que l’homme peut faire, je peux le faire jusqu’au bout de mes forces », dit-elle d’un air convaincu.
Seydou Ouattara, enseignant d’EPS connaît bien Véronique Yonli pour l’avoir côtoyé à plusieurs reprises sur les terrains de football. « Lorsqu’on parle de football, on pense toujours que c’est une activité dédiée aux hommes. L’encadrement également, on pensera également que c’est une affaire d’hommes. Elle est l’une des pionnières dans cette activité », reconnait-t-il. Mais pour concilier ce métier avec la vie conjugale, il faut de la volonté selon Seydou. «C’est souvent difficile de concilier ce métier avec les charges familiales et conjugales si le conjoint n’est pas compréhensif ».
Selon lui, sa présence dans le milieu pourra inspirer d’autres jeunes filles à embrasser ce métier. « Nous allons bientôt disputer les éliminatoires de la Coupe d’Afrique avec les Etalons filles. Mon rêve est de disputer les phases au Maroc et atteindre les démi-finales », souhaitent Yonli. Au mois de février prochain, les Etalons disputeront les éliminatoires de la CAN dames contre la Guinée Bissau.