C’est un lopin de terre, en plein milieu du secteur 9 de Réo qui ne laisse personne indifférent. Autrefois improductif et menacé par l’érosion, le terrain a été ressuscité par un groupe de ‘’rêveurs’’. Ils y pratiquent l’agro écologie et forment des jeunes qui au fur et à mesure vendent la technique dans la localité et partout au Burkina. C’est là que Azaël Bayala vit pleinement sa passion.
A l’entrée de la ferme, un monticule de fumure organique accueille le visiteur. Quand il franchit l’entrée et marche dans la grande allée, ce sont des gros papayers et autres arbres fruitiers à sa droite, ainsi que des petits ruminants et de la volaille ; des anacardiers à sa gauche. Bienvenue à la ferme pédagogique de l’association pour la promotion d’une agriculture durable au Sanguié en abrégé APAD-Sanguié.
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Cette enceinte a une particularité : l’agro écologie. Jean Emmanuel Lucien Bationo, chargé de suivi évaluation de l’association, précise que la ferme prône les techniques de production qui bannissent les engrais, produits phytosanitaires chimiques. Tout est bio, des plantes aux animaux.
Découverte et passion
Après avoir échoué à son Brevet d’étude du premier cycle (BEPC), Azaël Bayala pense à sa reconversion dans l’élevage. Le natif de Bonyolo, un village de Réo, suit une formation dans l’élevage de la volaille. Il est accueilli dans la ferme agro écologie pour un stage de trois mois. Nous sommes en 2009 et le jeune homme tombe amoureux alors de la philosophie prônée par le centre dans la production animale et végétale.
«Je suis passionné d’agro-écologie, on respecte les lois de la nature. C’est un mode de vie, il faut prendre soin de son prochain comme de soi-même », dit-il avec passion. Désormais ouvrier de la ferme, Azaël a une autre responsabilité : celle de formateur. « Quand je me lève le matin, je m’occupe d’abord des animaux. Aux environs de 8h, je sors sur le terrain dans les villages pour apprendre les techniques de l’agro écologie aux producteurs. J’ai aussi un espace de production où j’expérimente les techniques, parce qu’il ne faut pas enseigner ce qu’on ne met pas en pratique », ajoute-t-il.
Devenir un nom qui compte dans l’agro écologie
Convaincu de la justesse de son engagement, Azaël Bayala compte plus tard devenir un champion dans l’agro écologie aussi bien au Burkina qu’ailleurs. En attendant, il partage son expérience avec différents groupements dans plusieurs localités du Burkina. « Je gagne bien ma vie je suis toujours heureux et j’ai moins de maladies. Dans mon village j’interviens là-bas, je donne des sensibilisations aux cultivateurs. Si je les vois utiliser les pesticides ou engrais chimiques, je leur donne des conseils parce que l’engrais fait sécher la terre. Alors que le compost c’est le contraire, ça nourrit le sol avant de nourrir la plante », clame le passionné.
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Jean Emmanuel Bationo, chargé de suivi évaluation de l’association rajoute une couche pour expliquer le cycle de production de la ferme école agro écologie. « Rien ne se perd. Voyez-vous, nous sommes en train de faucher de l’herbe donnée aux animaux, pour faire du compost. C’est vraiment un cycle. On ramassera ensuite les déchets produits par les animaux pour faire du compost. Avec du compost on enrichira les légumes, les céréales. De là, on repart à l’élevage», conclue-t-il à l’issue d’une visite guidée.
Tiga Cheick Sawadogo