Le VIH/SIDA, un virus qui a fait des millions de victimes dans le monde, est-il encore une menace pour les jeunes d’aujourd’hui ? Si les progrès de la médecine ont permis de réduire la mortalité et d’améliorer la qualité de vie des personnes infectées, ils ont aussi entraîné un relâchement des comportements de prévention chez les jeunes, qui se sentent moins concernés par le risque. Des chiffres alarmants et des témoignages inquiétants le confirment.
Le rapport ONUSIDA 2022 mis à jour sur l’épidémie mondiale du SIDA estime la prévalence moyenne de l’infection à VIIH dans la population située en 15 et 49 ans du Burkina Faso à 0.6% en 2021, avec une population des personnes vivant avec le VIH (PVVIH) estimée à 96 000 personnes dont 56 000 femmes et 10 000 enfants. Les nouvelles infections sont estimées à 1900 personnes dont moins de 500 enfants. Les décès liés au sida sont de 2600.
La prévalence la plus élevée (1,84%) a été enregistrée chez les 30-39 ans, contre 0.46% chez les 15-24 ans en 2020.
Une maladie qui tue toujours
Ces chiffres démontrent à souhait que les jeunes sont très affectés par le VIH/SIDA. A en croire Dr Karim Kombasséré, médecin de santé publique, certains jeunes ne savent pas que le SIDA est une maladie qui peut encore tuer. Il ajoute que pour n’avoir pas été témoins de la vague de décès du fait du VIH, certains adolescents ignorent la puissance de nuisance de la maladie et se font piéger.
Dr Kombasséré explique aussi qu’avec le traitement, « on n’a plus le sentiment au niveau de la jeunesse que le VIH peut vraiment nuire à leur avenir ». Cela parce que, développe-t-il, « les gens se disent que même s’ils prennent le virus, ils vont aller prendre le traitement ». Pour le médecin, si le SIDA tuait comme avant, les comportements allaient changer.
L’étudiant à l’Université de Ouagadougou, Adolphe Nignan, la vingtaine, pense pareil. Pour lui, « le sida n’influence plus les jeunes de nos jours. Ça ne tue plus comme avant. La façon dont les gens avaient peur du sida avant, ce n’est plus le cas aujourd’hui ».
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Adolphe avance que certaines personnes se disent même s’ils ont le sida, ils ne vont pas mourir. Cela fait qu’ils se laissent aller comme ils ne voient plus les conséquences comme avant. Pour ce qui le concerne, il dit avoir des projets comme avoir un bon emploi et construire sa maison avant de s’adonner au sexe sans se protéger. Mais il confie ne pas avoir peur du SIDA, « parce que la médecine a évolué. Même si je contracte le sida, je sais où aller me soigner. Avec le développement de la médecine, je crois que c’est possible de guérir du sida. Si au Burkina Faso ce n’est pas possible, je sais qu’ailleurs que c’est possible ».
« Le sida est en train de disparaitre »
Alida Kaboré, également étudiante dit savoir que le sida est une maladie contagieuse qui existe. Mais elle estime qu’il y a des médicaments, ce qui fait que le SIDA diminue.
Étudiante en économie, Alice Bidima, est convaincue que le sida est en train de disparaitre. Aussi, selon elle, il y a des maladies plus mortelles que le sida.
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Mais ce ne sont tous qui sont dans cette optique. Christiane Tiendrébéogo, élève Tle A Azimut dit avoir peur du SIDA. Son camarade de classe, Brice Nikiéma, est conscient que le SIDA fait toujours des ravages surtout au sein de la jeunesse.
« C’est vraiment un fléau existant. C’est réel, parce que j’ai des amis dans mon entourage qui ont été touchés », a-t-il terminé. Ange, étudiant, est formel, c’est une maladie qui est toujours présente. Pour lui, les gens n’ont pas conscience que c’est toujours là, mais le SIDA « continue de se transmettre », a prévenu l’étudiant.
Au niveau mondial, 270.000 nouveaux cas d’infection par le VIH ont été recensés en 2022 parmi les enfants et les adolescents âgés de 0 à 19 ans, portant à 2,6 millions le nombre total de jeunes vivant avec le VIH. Aussi, près de 98.000 adolescentes âgées de 10 à 19 ans ont été infectées par le VIH en 2022.
C’est donc 1.900 nouvelles infections chaque semaine, selon le tout dernier rapport de l’UNICEF intitulé Global Snapshot on Children with HIV and AIDS (Aperçu mondial de l’épidémie de VIH et de sida chez les enfants) publié la veille de la Journée mondiale du sida.
Boureima Dembélé