L’abandon des énergies fossiles reste l’un des plus grands enjeux de la COP28 en cours à Dubaï. Toutefois, ça bloque toujours au niveau des négociations. Les pays développés « ne veulent pas faire d’efforts » pour respecter leurs engagements et ceux en voie de développement ont besoin de financement pour s’adapter.
À quelques heures de la clôture de la COP28, les négociations se poursuivent à Dubaï. Mais l’un des blocages se situe au niveau de l’abandon des énergies fossiles. Selon le président des jeunes volontaires pour l’environnement au Niger, Sani Ayouba, « les pays qui sont responsables historiquement du changement climatique, c’est-à-dire les pays industrialisés ne veulent pas faire des efforts supplémentaires pour réduire ou pour arrêter d’ici à 2030-2050 comme le prévoient certains textes de ces négociations ».
Pourtant, il est également demandé aux pays en voie de développement, notamment ceux du Sahel et de l’Afrique centrale de se pencher beaucoup plus sur les énergies vertes.
Une situation que la présidente de Women environnemental programme au Burkina Faso, Zenabou Segda, trouve paradoxale. « Si on arrête d’utiliser aujourd’hui le fossile, on ne pourra aller nulle part parce qu’on n’a pas les moyens pour acheter les équipements qui nous permettent d’avoir de l’énergie propre pour avoir le net zéro comme ils le demandent », dénonce Zenabou Segda.
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Au Burkina Faso, 67 % de la population vivant en milieu rural n’a pas accès à l’énergie, de sources officielles. Au Mali, les énergies renouvelables ne représentent que 10 % des productions actuelles. «Dans la production de la société d’énergie du Mali, nous sommes à plus de 53 % du thermique, ce qui pose trop de problèmes, et le reste, c’est l’importation. On n’a que 10 % de renouvelable sur notre mix énergétique, mais on veut aller à 30 % d’ici 2030 », regrette la directrice nationale de l’Energie, Aminata Konaté.
Pour développer l’exploitation des énergies renouvelables, en Afrique particulièrement, le Mali et tous les autres pays ont développé plusieurs programmes dans leurs Contributions Déterminées au niveau national. Certains pays comme la Centrafrique annoncent des avancées. « Chez nous, on a commencé en installant en deux ans trois champs solaires, ce qui est pour nous un grand pas vers la transformation de l’énergie fossile en énergie renouvelable », révèle le ministre de l’Environnement de la Centrafrique, Thierry Kamach.
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Le solaire semble être l’une des grandes solutions. Mais au niveau des ménages africains, beaucoup estiment que ça coûte trop cher avec les batteries à renouveler assez régulièrement.
En effet, « le problème qu’on a dans nos pays, c’est le stockage de l’énergie solaire, ce n’est pas la production. On a des panneaux, il fait excessivement chaud 12 mois sur 12 dans la plupart des pays sahéliens, mais on n’a pas de technologie appropriée pour stocker », explique le le président des jeunes volontaires pour l’environnement au Niger, Sani Ayouba.
Les pays africains espèrent que les ambitions seront revues ici à Dubaï pour réduire la pollution. Mais aussi et surtout que les différents engagements des pays industrialisés seront respectés et mis en œuvre pour une justice climatique effective.
Mouhamadou Touré, envoyé spécial