Pour se démarquer de par leur style vestimentaire, des jeunes burkinabè ont recours à la friperie, plus connu sous le nom de « yougou yougou ». Pour eux, porter ces vêtements de seconde main importée, bon marché est symbole de singularité.
Devant un étal à Kalgondin, quartier de Ouagadougou, Jean Eude fouille des chaussures de seconde main communément appelées France au revoir. Rien ne laisse croire que sa chemise près du corps, son pantalon Jean et ses souliers sont issus du « yougou yougou » friperie en langue Dioula.
Pour Jean Eude, s’habiller en friperie relève d’un style de vie. « Quand tu vas dans un coin où tu es bien fringué, et tu sens que tu es unique dans ta paire Gucci, ta veste de versage, c’est la classe quoi, c’est de l’art. Je vous le dis sans gêne haut et fort », clame le jeune homme étudiant à l’Université Joseph Ki-Zerbo de Ouagadougou.
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« Quand je vais commencer à travailler je ne sais pas pourquoi je vais cesser de m’habiller en friperie, d’autant plus que c’est la qualité, c’est classe, c’est bon, c’est très rare à trouver », assure Jean Eude.
Pour s’approvisionner en fripes, Jean Eude a son propre circuit. Des commerçants l’informent dès que de nouveaux arrivages sont disponibles. Selon le jeune homme, le coût n’enlève en rien à la qualité du produit : « Ce n‘est pas une question de moyens parce que ce que je mets dans la fripe là ça me permet de m’habiller, de payer des chemises prêt à porter à volonté. Sinon, je vais vous faire une confidence, j’ai des grands frères qui achètent des chemises prêt à porter à 17500f. Je fais la comparaison avec les chemises que j’achète à 2000f. ll y’a une grande différence ».
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Pour Jean Eude, s’habiller en « yougou yougou » relève du style. Mais pour Awa, élève en classe de première, les friperies sont une nécessité. « Ce sont les moyens qui nous manquent souvent. Et on voit que là-bas c’est un peu moins cher par rapport aux vêtements prêt à porter, les friperies sont durables. Avant-hier j’ai acheté une jolie jupe dans la friperie à 1000f ».
Le marché Rood Wooko de Ouagadougou est l’un des lieux par excellence de vente de « yougou yougou ». Benjamin, jeune vendeur de fripérie y fait de bonnes affaires. « En friperie si tu trouves les meilleurs choix, tu te rends compte que la qualité est bonne. Puisque je m’y connais un peu en matière de prêt à porter. Quand les filles portent la friperie, tu as du mal à différencier d’avec les vêtements prêt à porter. Sinon pratiquement tous les jours les filles viennent, certaines pour visiter, d’autres pour acheter, c’est ça aussi le marché quoi », explique le jeune commerçant pris entre plusieurs vendeurs.
Par choix ou nécessité, les médecins recommandent de laver les friperies à l’eau de javel avant de les porter, pour éviter certaines maladies.