Certains moniteurs dans le milieu préscolaire sont appelés : « tonton maitresse ou tontons madame » par les tout-petits habitués à voir des femmes dans leurs classes.
C’est la descente pour les tout-petits à l’école maternelle la petite plume située à Wayalguin, un quartier de la capitale. Pendant que certains enfants jouent une dernière fois à la balançoire ou au toboggan avant de rentrer avec les parents pressés, d’autres font des courses poursuites dans la cour. Les pleurs, les cris, et les éclats de rire rythment la cour de l’école.
Loué est moniteur depuis 3 ans dans cette école maternelle. Il a choisi de faire carrière dans ce milieu de préscolaire où il se fait appeler « Monsieur Loué » ou « Monsieur maitresse » par les enfants. Au début, il avoue que ces appellations le gênaient. « Au début, c’est vrai qu’il y a ce volet féminin qui est prépondérant, parce qu’on m’appelait tonton maitresse. Je me suis adapté, donc ça va » dit-il avec en riant.
C’est la même situation avec Joël kabré également moniteur depuis 2 ans. Selon lui, les premiers jours de classe, les apprenants sont étonnés de voir un homme. « Ils s’attendent que ça soit des femmes qui prennent soin d’eux. Mais, avec le temps, ils s’en rendent comptent. Dès la porte, les enfants courent vers moi. J’assure le rôle de papa ici» explique-t-il avec fierté.
Éric Compaoré lui est dans ce milieu de préscolaire depuis 7 ans au groupe scolaire les anges d’anaxel. Nous le retrouvons dans sa salle de classe en plein cours avec ses tout-petits. Visiblement enthousiaste, il explique que les débuts n’ont pas été faciles. Pas seulement avec les enfants, mais avec leurs parents et certains amis. « C’était la première fois que certains parents voyaient un homme encadrer les enfants de la maternelle. Vraiment au début ce n’était pas facile parce que même mes amis au quartier se moquaient de moi « garde bébé », se rappelle le moniteur.
Une touche particulière appréciée
Le fils de Mme Ouédraogo est encadré par un moniteur. Elle dit apprécier le fait que de plus en plus des hommes s’intéressent à l’encadrement au préscolaire. « « Personnellement je trouve que c’est une très bonne chose parce que les hommes ont une certaine facilité que souvent les femmes n’ont pas. Je me rappelle qu’une fois mon fils rentré, il a même dit ah maman cette année, j’ai un maitre et son frère était jaloux», nous apprend-t-elle.
Fondatrice d’une école maternelle, Aminata Kambou a recruté un moniteur dans cet environnement généralement dominé par les femmes. Au bilan, elle estime avoir fait un bon choix, parce que qu’il s’occupe bien des tout-petits, avec sa touche particulière. « Je suis plus que contente de lui parce qu’en plus de la pédagogie, il apporte d’autres choses. J’ai des caméras dans mon bureau donc souvent je surveille toutes les classes et une fois je l’ai vu danser, je me suis approchée, c’était vraiment très animé et les enfants participaient, il faisait le cours en dansant en chantant. J’étais vraiment impressionnée » se réjouie-t-elle.
Safiatou Zong-Naba (Collaboratrice)