A 27 ans, Ratoussamba Zaongo est la plus jeune des députés de l’Assemblée législative de transition (ALT). Mariée et mère d’un enfant, la native de Dablo dans le Centre-nord, fait partie des 21 personnes désignées par le président du Faso pour siéger. Portrait d’une jeune déplacée déscolarisée à cause de l’insécurité et qui entend être la voix des millions de Burkinabè qui ont perdu gîte et couvert à cause des affres du terrorisme.
« Je suis contente d’avoir été choisie par le président du Faso », confie timidement Ratoussamba Zaongo, à l’issue de sa prise de fonction ce mardi 22 mars. L’écharpe est bien accrochée en bandoulière. Désormais, elle confère à dame Zaongo, toutes les charges et les responsabilités d’une députée.
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Vêtue d’un ensemble dentelle rose fleurie, la jeune dame fuit visiblement les caméras et micros des journalistes qui l’attendent à la sortie de l’hémicycle pour recueillir ses premiers mots en tant représentante du peuple. Il lui faut un peu de temps pour s’adapter à ce nouvel environnement, nous souffle l’ancien maire de Dablo, venu l’accompagner et la soutenir dans ses premiers pas.
Il faut dire que la nouvelle députée avait également à ses côtés pour ce premier jour de « la rentrée des classes », son mari, des amis et une délégation de l’action sociale de Kaya.
Etre l’avocate des élèves et des déplacés
Sa propre histoire est selon elle, une feuille de route pour son travail à l’assemblée législative de transition. Comme pour plus de 370 000 âmes qui peuplaient Dablo, elle a dû quitter la commune rurale à cause des attaques terroristes. En classe de première et gérant une petite boutique de vente de vêtement, elle n’aura plus cette chance de retourner à l’école quand elle et sa famille se réfugient à Kaya en 2019.
Quelques jours avant cet exode, la commune a été prise pour cible pour la énième fois. Cette fois, c’était l’église catholique de Dablo qui était dans le viseur des hommes armés, le 12 mai 2019. Ils y ont assassiné le vicaire et 5 fidèles. Dans sa ville d’accueil à Kaya, Ratoussamba Zaongo est désignée par les ressortissants de Dablo pour l’enrôlement des personnes déplacées internes mais aussi, comme une interlocutrice entre les ressortissants de son village et les services de l’action sociale.
Sérieuse, appliquée, et faisant preuve de leadership, ses actions en tant qu’agent enrôleur des personnes en détresse est appréciée et saluée. C’est certainement ce qui a contribué à peser dans la balance pour que le chef de l’Etat la choisisse comme députée de l’assemblée législative de la transition.
Reprendre les cours
Petite fille du chef foulcé de Dablo, feu Abdoulaye Zaongo, Ratoussamba Zango aura désormais la tâche, de consentir l’impôt, voter la loi et contrôler l’action du gouvernement, le tout dans un contexte de dégradation de la situation sécuritaire.
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Elle dit être consciente de l’immensité de la tâche. Pour elle, également, le mandant de trois ans sonne comme une occasion de plaider pour une meilleure prise en charge des déplacées internes et par-dessus tout, leur retour dans leurs villages respectifs.
Avec en projet de poursuivre ses études brusquement interrompues, elle compte aussi être la porte-voix de ces milliers d’enfants déscolarisés du fait de la fermeture des écoles, afin que des alternatives de ré-scolarisation leur soit trouvées.