Certains élèves échouent parfois aux examens scolaires parce qu’ils n’ont pas bien appris leur leçon mais aussi du fait du stress et des difficultés de concentration. Des coachs scolaires comme Madina Sako, directrice de Assas-Africa apportent leur appui à des élèves pendant l’année scolaire. A quelques jours des examens, elle donne des clés aux candidats pour réussir leurs examens dans cette interview.
Qu’est-ce que le coaching scolaire ?
Le coaching scolaire est l’accompagnement professionnel des jeunes pour détermination leur objectif scolaire ou professionnel, la mise en place de stratégie et atteindre cet objectif. Il s’agit également d’accompagner l’apprenant à avoir une autonomie dans le sens où on l’aide à pouvoir se découvrir en tant que apprenant, connaître son profil d’apprentissage, mettre en place des stratégies d’apprentissage. On aide les jeunes sur les questions d’apprentissage, les questions de concentrations, de mémorisation, de gestion du stress, d’orientation scolaire, de méthodologie d’apprentissage, de confiance en soi etc. Le coach accompagne l’apprenant sur le plan transversal. Ce qui est différent de l’approche de l’enseignant qui l’accompagne sur le plan disciplinaire. L’enseignement va l’aider à résoudre ses difficultés en mathématiques, en physiques et chimie, en Français alors que le coach scolaire s’attache sur les questions de concentration, de motivation, d’orientation.
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Comment êtes-vous devenu coach scolaire ?
J’ai créé mon agence Assas-Africa en 2017 dans le cadre du soutien et de suivi scolaire des apprenants. On a une centaine d’enseignants qu’on recrute et qu’on met à la disposition des parents dans le cadre des cours à domicile. Quelques années après, on s’est rendu compte les compétences de l’enseignant seules ne suffisaient pas à amener les élèves vers l’excellence. Ce qui est notre mission. Il y a des élèves qui ont des difficultés d’ordre familial, d’autres ont des problèmes de concentration, de motivation ou ont des problèmes liées aux méthodes de travail. Les professeurs ne sont pas nécessairement outillés pour y faire face. Donc moi, étant la responsable et l’initiatrice de cette structure, je me suis intéressée aux difficultés que certains de nos élèves rencontraient et qui faisaient que les enseignants n’arrivaient pas à avoir de résultats probants. Dans mes recherches, j’ai trouvé qu’il y avait le métier de coach scolaire. Je n’ai pas trouvé de structure sur place qui formait mais j’ai trouvé qu’il y en avait en France, aux Etats-Unis et en Belgique. C’est auprès d’une structure belge que je me suis inscrite pour une formation de neuf mois à distance. Après, il y avait un accompagnement pour valider la certification. C’est après cela que j’ai commencé à exercer ce métier et que j’ai été assez été outillée pour accompagner les élèves et les étudiants.
Comment cela se passe-t-il ?
Etant dit que la cible concerne les jeunes, généralement, ce n’est pas un coaching qui est demandé par l’apprenant lui-même. Mais, c’est un coaching qui est demandé par les parents, qui me contactent. A partir de là, moi j’identifie le besoin et on travaille à trouver une solution. L’enseignant intervient sur le plan disciplinaire. Le maitre du primaire va travailler sur la géométrie, l’arithmétique etc. Le maitre du secondaire va travailler sur l’histoire-géographie, les sciences de la vie et de la terre etc. Moi en tant que coach, je ne m’attarde pas sur tout ça. Je ne suis pas experte en mathématique ou en physique pour aider les élèves. Mais je peux l’aider à connaitre son profil de compréhension. Je cherche à savoir s’il comprend par le visuel, par l’auditif, ou le kinésique, quel est son type d’intelligence. En fonction de ces informations, je cherche les méthodologies d’apprentissage qui sont les plus adaptées à sa personne et la stratégie qu’il faut mettre en place pour l’aider à travailler, à avoir une meilleure organisation pour être à jour dans ses leçons, ses devoirs et ses examens. Et, s’il a un choix d’orientation, je vais l’aider à déterminer qui lui correspond réellement.
Concernant le profil d’apprentissage, comment vous vous y prenez ?
Des spécialistes de l’éducation ont mené des études et sont arrivés à la conclusion que chaque être humain, a un canal privilégié d’apprentissage. Concernant les profils de compréhension, on parle de profil auditif, de profil visuel et de profil kinésique. Si vous êtes du profil auditif, cela veut dire que vous comprenez et intégrez essentiellement l’information par l’audition. Ce sont des apprenants qui ont besoin d’entendre l’information de la bouche de l’enseignant pour pouvoir mémoriser. Si vous avez le profil visuel, cela veut dire que vous avez besoin de voir pour comprendre et mémoriser. Cela signifie que même si on vous explique mille fois tant que ce n’est pas écrit, tant que vous ne voyez pas, vous ne comprenez pas. Si vous êtes kinésique, vous avez besoin de pratiquer, de toucher, de faire, d’expérimenter, d’aller au-delà de la théorie. En fonction de chaque profil, il y a des méthodes d’apprentissage. L’enfant va passer un test pour reconnaitre son profil et on donne les stratégies d’apprentissage. Chaque personne a tous ces profils mais on a toujours un profil dominant. L’idée est de d’identifier le profil dominant parce que c’est par ce profil que l’information est mémorisée rapidement.
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Les examens scolaires approchent. C’est une période de stress pour les élèves. Quels conseils donnez-vous aux élèves à ce moment ?
En principe, on devrait être à un moment où l’élève est en train de réviser et non de bosser. Si un élève a eu une meilleure préparation durant l’année scolaire, il devrait être en train de revenir sur tout ce qu’il a bossé. A quelques jours de l’examen, il a besoin de faire un état des lieux. Chaque élève en classe d’examen devrait se demander actuellement où est ce que j’en suis par rapport à chaque matière. Qu’est ce qui a été fait. Qu’est ce qui n’a pas été fait. Par rapport à ce qui reste à faire, essayer de mettre en place une méthodologie d’apprentissage correspondait à chaque matière. Par exemple, pour les leçons, de Sciences de la vie et de la terre, Histoire et géographie, l’élève pourrait décider d’aller reprendre à partir du début de la matière, de la moitié ou du dernier tiers ou de faire des fiches de révision, chapitre par chapitre. L’élève pourrait décider de trouver des annales et se tester. Il pourrait décider lui-même d’élaborer des questions sur chaque leçon et se tester pour voir s’il est des niveaux.
Concernant les matières scientifiques mathématiques, physique chimie, l’élève pourrait décider d’intégrer un groupe pour se tester auprès de ses camarades. D’abord, il faut trouver des méthodes adaptées à soi et à chaque matière. Ensuite, il faut mettre une deadline pour arriver au bout des révisions de chaque matière. Tu peux te dire dans cinq jour je vais finir avec SVT. Dans dix jours, je vais finir avec les mathématiques. Il faut essayer de le faire avec des dates. Dire, par exemple, le 20 du mois, le 12 du mois, j’ai fini avec telle matière. Comme ça, tu sais comment tu vas progresser et tu sais ce que tu as à faire dans chaque matière. Après cela, l’idéal est de mettre en place un programme de travail. Un emploi du temps dédié à la révision parce qu’en ce moment, il y a beaucoup qui ont fini à l’école qui ont un temps libre. Même si vous n’avez pas fini à l’école, il faut mettre en place un programme. La chose suivante serait de mettre en place les conditions nécessaires à la concentration. Si vous êtes quelqu’un qui a besoin de calme, vous chercher un endroit où vous pourrez vous isolez. Si vous avez besoin de marcher, il faut choisir un endroit où marcher. Il faut mettre en place les conditions de concentration parce que la concentration, c’est le nerf de la guerre. Sans ça, si vous prenez trois heures à travailler cela ne sert à rien. Après cela, il faut se mettre au boulot et donner le meilleur de soi-même.
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Et comment gérer le stress le jour de l’examen ?
La meilleure solution préventive contre le stress, c’est la préparation. C’est d’éviter que le stress survienne à travers tout ce qu’on vient de dire mais aussi en faisant des mises en situations. Pour un élève qui est sujet au stress, il devrait essayer d’étudier un sujet d’examen sorti d’un annale dans le temps limite donné pendant l’examen. Si le sujet de l’examen c’est trois heures, tu prends un sujet de trois heures et tu te mets dans les conditions comme si tu étais en examens sans cahier ni rien. La mise en situation permet d’être mieux préparer. La préparation diminue le stress. Il y a aussi la visualisation. Il y a le lieu d’examen le Jour J. Il faut même tester la table sur laquelle on va s’assoir. Il faut essayer de voir si on est bien. Comment on sera assis le jour. Après, il faut essayer de visualiser de manière positive ce qui va se passer. Les élèves le font. Mais généralement pas forcément de manière positive.
La veille avant de dormir, rester coucher, prendre deux ou trois minutes fermer les yeux, essayer de se voir le jour de l’examen. Après, il faut se voir se lever très tôt, prendre une touche, s’habiller correctement, prendre son sac, s’imaginer prendre ta moto, se faire déposer à l’école, marcher, entrer dans la salle. Voit ça de façon très positive. Tu te sens assez sereine. Les choses se passent bien. Voir l’épreuve qu’on distribue. Regarde-toi en train de voir l’épreuve, rire en souriant parce que c’est vraiment ce que tu as appris, tu es prêt à affronter. Les scientifiques disent que le cerveau ne fait pas la différence entre l’imagination et le réel. Le jour de l’examen, quand tu vas te lever et puis aller à l’école, comme tu as visualisé, ton cerveau aura l’impression d’avoir déjà fait le même parcours plusieurs fois. Pour lui, ce n’est pas nouveau parce que tu l’as imaginé plusieurs fois. Donc, tu n’as pas peur. Il faut éviter de se réveiller en retard. Le retard est un facteur de stress, prendre le temps de calmer le cœur qui bat fort. C’est ce qu’on peut faire. Pendant l’examen, quand le stress survient, ce que je conseille c’est de faire la respiration ventrale. Il s’agit d’inspirer l’air pendant trois secondes, de maintenir l’air pendant trois secondes et d’expirer l’air pendant trois secondes. On appelle ça la respiration ventrale. Cela aide vraiment. Au bout de quatre cinq fois maximum, tu commences à te calmer. Pendant l’examen c’est ce qu’on peut faire lorsqu’on sent que le cœur bat fort et qu’on risque de perdre ses moyens.
Qui sont ceux qui ont recours à vos compétences ?
Ce sont les parents d’élèves et des étudiants qui ont recourent à mes compétences. De fois, des parents d’élèves qui constatent que leurs enfants ont des difficultés liées à tout ce que j’ai cité comme domaine d’intervention. D’autres parents d’élèves dont les enfants n’ont pas forcément de difficultés majeurs et qui visent l’excellence, des élèves qui ont un assez bon niveau et les parents peuvent juger que l’élève a un potentiel au-delà de ce qu’il peut rendre actuellement. Le coach scolaire peut venir aider l’élève à déployer au mieux son potentiel et c’est ça mon travail.
Le dernier conseil ?
Je souhaite beaucoup de courage aux élèves en classe d’examens ; je souhaite qu’ils puissent donner le meilleur d’eux-mêmes. Et au soir des épreuves lorsqu’on a fini de composer, lorsqu’on sait qu’au fond de soi même qu’on a donné tout ce qu’on a, on n’a pas besoin de de stresser, on a pas besoin d’avoir de peu parce que le meilleur de nous, c’est tout ce qu’on peut donner. On a des regrets lorsqu’on sent qu’on peut mieux faire. Du coup, c’est ce que je leur souhaite pour que le jour de l’examen ils puissent donner et que peu importe le résultat ils puissent dire, c’est tout ce que je pouvais faire.
Interview réalisé par Boukari Ouédraogo