Aristide Bancé a tronqué les crampons pour le sifflet. L’ancien international burkinabè s’est lancé dans la formation de jeunes footballeurs qui souhaitent devenir des professionnels comme lui. Il construit à Jacqueville, le centre de formation Mayence de Jacqueville situé à une soixantaine de kilomètres d’Abidjan. Il espère donner l’opportunité à des jeunes Africains, dont des Burkinabè, la chance de devenir footballeur professionnel et sortir leurs parents de la pauvreté.
C’est à une trentaine de kilomètres au Nord d’Abidjan loin de l’agitation de la capitale que le centre de formation de Mayence de Jacqueville a élu domicile pour une soirée. Sur le terrain du complexe sportif de Brofodoumé, les pensionnaires s’entraînent sous l’œil attentif et exigeant de Aristide Bancé reconnaissable à son physique imposant et sa une partie de sa chevelure dorée, qui supervise les séances.
Il place lui-même les plots, les cônes et les ballons puis rassemble les joueurs au centre. Après une prière collective, il leur donne les consignes du jour.
Des exercices techniques, tactiques et physiques suivis par un match d’application. Les jeunes s’appliquent à jongler, à passer, courir, dribbler et tirer. « Intérieur pied, gauche droit », « ne tape pas fort », « aller, plus vite que ça. Plus vite que ça », crie Aristide Bancé tout en faisant le tour des différents groupes. Il oriente ceux qui appliquent moins ses consignes. « Appliquez-vous ! Appliquez-vous », dit-il visiblement pas satisfait de ses joueurs en apparence timorés.
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Pour ces jeunes, le football est plus qu’un jeu. C’est un rêve, une chance de sortir de la pauvreté. Ces jeunes ont tous pour ambition de suivre les traces leurs aînés qui ont brillé sur les pelouses africaines et européennes comme Didier Drogba, Jonathan Pitroipa, Yaya Touré, Samuel Eto’o, etc. Aristide Bancé veut les aider à réaliser ce rêve. Disputer la Coupe d’Afrique comme celle organisée par la Côte d’Ivoire.
C’est pourquoi, « le big », comme il se fait appeler a lancé ce projet ambitieux en 2005 avec un ami Mohamed Sylla qu’il a rencontré en Allemagne lorsqu’il y jouait. « Le football m’a beaucoup apporté. Je veux faire profiter aux jeunes ce que le football m’a apporté. Ceux qui me connaissent savent que c’est comme ça que j’ai commencé à jouer au football, en formant les jeunes », raconte-t-il.
Le centre de formation a permis a beaucoup de jeunes de progresser. C’est le cas Mohamed Kamagaté qui évolue au poste d’attaquant dans ce centre de formation. « On sait qu’avec lui, on peut progresser. Son parcours est une source d’inspiration parce qu’il a joué au haut niveau. Notre ambition aussi c’est de jouer au haut niveau », estime-t-il.
Le centre de formation bénéficie du partenariat du club de Mayence, qui évolue en Bundesliga, le championnat d’élite allemand. Grâce à ce soutien, les pensionnaires ont pu effectuer deux voyages en Allemagne, où ils se sont entraînés sur les infrastructures du club et ont découvert une autre culture. Ils en sont revenus émerveillés, mais aussi conscients des difficultés qui les attendent.
S’inspirer du parcours de Bancé
« On a vu comment sont les choses. Nous qui sommes ici, nous ne savons pas ce qui se passe en Europe. On a vu comment était l’hiver. C’est dur. Quand on évolue, on comprend qu’on sera face à ces difficultés », témoigne El Hadj Fousseni Traoré, l’un des pensionnaires du centre.
Haidra Alino, qui joue au poste d’attaquant, a pour modèles des joueurs comme le Nigérian Victor Osimhen ou le Français Karim Benzema. Il rêve d’une carrière à l’image de ses idoles. Avec Bancé, il dispose du matériel et de l’encadrement nécessaires pour travailler et progresser. « J’ai préféré ce centre parce qu’il y a le matériel pour s’entraîner. Cela va m’aider à devenir footballeur professionnel », explique-t-il.
Aristide Bancé qui a arrêté avec les Etalons après la CAN 2017 est resté attaché à son quartier d’origine Williamsville, où il a grandi et commencé à jouer au football. C’est là que le centre de formation s’entraîne habituellement en attendant la construction du complexe sportif à Jacqueville, à 60 km d’Abidjan. « Ce sera un centre de sport, étude et métier. Pour le moment, pour ne pas être en retard, nous avons décidé de commencer les entraînements », explique-t-il.
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Bancé a beaucoup d’ambitions pour son centre, qu’il veut voir grandir et rayonner. Il espère voir ses jeunes pousses éclore et défendre les couleurs des équipes nationales, notamment celles du Burkina Faso. Pour y arriver, il n’y a pas de secret, il faut du travail, du sérieux, et de la rigueur.
« Je vais vous dire une chose. Restez concentrés. Le football, c’est le sérieux et la rigueur qui peuvent vous amener loin. Il y a des joueurs qui étaient talentueux mais qui ont échoué à cause du manque de sérieux. Ils n’ont pas eu la carrière à la hauteur de leur talent », prévient-il.
Mais, Bancé est conscient que tous ne pourront pas être des professionnels. C’est pourquoi, il compte mettre en place un centre sport, étude et métier pour permettre à ceux qui n’auront pas réussi au football de s’en sortir dans la vie.
Boukari Ouédraogo
envoyé spécial à Abidjan