La Côte d’Ivoire a remporté la Coupe d’Afrique des Nations 2023, qu’elle organisait chez elle, en battant le Nigeria en finale (2-1). Un exploit historique et émouvant pour les Éléphants, qui ont fait vibrer tout un pays. C’est une soirée magique vécue par des supporters dans une fanzone au quartier Treichville d’Abidjan.
C’est un jour de fête au Palais de la culture de Treichville à Abidjan. Dès 15 heures, des dizaines de supporters, vêtus des couleurs de la Côte d’Ivoire, le blanc, l’orange et le vert, affluent vers le village CAN, un vaste espace dédié aux fans de football. Sur leurs visages, leurs bras et même leurs cheveux, ils arborent fièrement les couleurs de leur pays : l’orange, le blanc et le vert. Ils avancent en petits groupes, faisant du bruit avec leurs vuvuzelas, leurs sifflets.
Certains dansent au rythme de la musique qui résonne dans les haut-parleurs. D’autres chantent des slogans à la gloire des Éléphants, l’équipe nationale ivoirienne.
A l’intérieur le village CAN, l’ambiance est festive et conviviale. Tout autour, des stands proposent de la nourriture, des boissons, des souvenirs. D’autres proposent des jeux tandis que des partenaires distribuent des gadgets aux premiers. Les supporters peuvent se restaurer, se rafraîchir, se divertir, se détendre.
« Un revenant ne meurt pas»
Abdoul Fofana et Mariam Meité sont venus ensemble pour suivre cette finale inespérée de la CAN Akwaba, la CAN de l’hospitalité. « Quelqu’un qui est mort, est-ce qu’il peut mourir encore ? Un revenant ne meurt pas », lance Adama Fofana en faisant allusion au parcours chaotique des Éléphants, qui ont failli être éliminés dès la phase de groupe.
Le couple se fraye un chemin dans la foule pour trouver une place devant un de la dizaine d’écrans géants installés dans l’espace. En attendant le match, un disc-jockey met le feu au public avec des tubes zouglou et coupé décalé. Certains supporters se lâchent sur la piste de danse improvisée. Adama et Mariam se joignent à eux, tout se déhanchant avec entrain. L’espace est en ébullition. Plus le temps passe, plus le public s’agrandit. La musique aussi monte. Des concours de danse sont organisés.
Sur un écran géant, on peut voir certains jeunes se déchaîner sur la musique. Près de 5 mille personnes sont entassées dans cet espace pour suivre ce match.
19h54. Les écrans géants diffusent les images de la télévision nationale ivoirienne. Les deux équipes font leur entrée sur la pelouse du stade olympique Alassane Ouattara d’Abidjan, sous les acclamations du public. Puis, les supporters se lèvent et entonnent l’hymne national, en agitant leurs drapeaux et leurs écharpes. Le match peut commencer.
Les Éléphants cueillis à froid
Les premières minutes sont à l’avantage des Ivoiriens, qui se créent les premières occasions. Quand Sebastien Haller et Adinga ratent de peu l’ouverture du score à deux reprises, les supporters exultent. « Vieux môgô, match-là, nous allons gagner ça », assure Abdoul Fofana, confiant. Quand l’arbitre mauritanien annonce la pause fraîcheur à la télé, le DJ en profite pour passer le coup du marteau, l’une des musiques phares de la CAN, qui a conquis le cœur des Ivoiriens. C’est le délire à chaque fois que ce titre à succès retentit. Les supporters se mettent à chanter et à danser, en oubliant parfois le match.
Toute cette bonne ambiance est gâchée quand sur un corner, les Nigérians ouvrent le score (1-0) à la 38e minute. Un silence glacial envahit l’espace. Les visages se crispent. Les protestations se multiplient quand un joueur ivoirien commet une erreur. L’agacement se fait ressentir. « Je pense que Gradel n’a pas sa place dans ce match », analyse Abdoul, déçu.
Mais, il ne perd pas espoir. « Découragement n’est pas ivoirien », dit-il. Comme s’il avait vu juste. L’équipe de Côte d’Ivoire égalise (1-1) grâce à Serge Kessié, qui envoie le ballon dans les filets de la tête. Le public explose de joie. Le DJ relance alors « le coup du marteau » pour célébrer ce but.
Pendant près de cinq minutes, les supporters font la fête, en hurlant, en sautant, en s’embrassant. Des supporters font des malaises. Les secours sont obligés d’intervenir. Mais finalement, tout rentre dans l’ordre. Les supporters reprennent leurs places, et continuent de suivre le match avec attention. « Vous avez vu ? Vous avez vu ? De la manière que nous avons commencé la compétition, c’est comme ça que nous allons la terminer », clame Abdoul, optimiste.
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Il ne croyait pas si bien dire. Moins de 10 minutes avant la fin, Sebastien Haller permet aux Ivoiriens de prendre l’avantage au score (2-1). Nouveau délire dans le village CAN du Palais de la culture de Treichville. De la musique, des vuvuzelas, des sifflets, tout est bon pour célébrer le sacre qui se profile. Certains se permettent de chanter dans l’autodérision : « on vaut rien, mais on est champion ! On vaut rien, mais on est champion ! ». Malgré la joie, l’atmosphère est insoutenable. Tant que l’arbitre n’a pas sifflé, il ne faut être sûr de rien. Les 10 minutes restantes sont les plus longues de leur vie. Et quand l’arbitre siffle le coup de sifflet final, c’est une explosion de joie totale. « On est champions ! On est champions ! ».
Puis le DJ fait chanter l’hymne national repris en chœur par le public. Avant même la cérémonie de remise du trophée, certains quittent l’espace au pas de course, en criant ou chantant pour rejoindre la rue et la fête. D’autres restent sur place, pour savourer le moment et regarder la remise du trophée soulevé par Max Alain Gradel. La Côte d’Ivoire est bien championne d’Afrique. Cette équipe revient de loin. L’une des dernières classées en phase de groupe est championne de la CAN qu’elle organise. La fête ne fait que commencer puisque le président de la république a annoncé la journée du lundi 12 février 2024 fériée pour célébrer cette troisième étoile.
Boukari Ouédraogo
envoyé spécial à Abidjan